Au 76e jour, les combats s'intensifiaient lundi dans le sud et l'est de l'Ukraine. 2:44
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avec AFP , modifié à
Les combats s'intensifiaient lundi dans le sud et l'est de l'Ukraine, où les livraisons d'armes américaines devraient s'accélérer après la réactivation par Joe Biden d'un dispositif emblématique datant de la Seconde Guerre mondiale. Des missiles ont aussi visé la région d'Odessa, l'armée ukrainienne déplorant un mort et cinq blessés.
L'ESSENTIEL

Le renseignement américain a dit mardi prévoir une extension du conflit au-delà de l'Ukraine, estimant que le président russe Vladimir Poutine veut le porter en Moldavie, tandis que Kiev a de nouveau insisté sur la nécessité pour sa sécurité d'adhérer à l'Union européenne. "Nous estimons que le président Poutine se prépare à un conflit prolongé en Ukraine, durant lequel il a encore l'intention d'atteindre des objectifs au-delà du Donbass" (est) : la Transnistrie, région de Moldavie qui a fait sécession en 1990, a déclaré la cheffe du renseignement américain, Avril Haines.

S'il est "possible" que les Russes réalisent cet objectif dans les mois qui viennent, "ils ne pourront atteindre la Transnistrie et inclure Odessa (sud de l'Ukraine) sans décréter une forme de mobilisation générale", a ajouté Mme Haines lors d'une audition au Congrès américain. Le président russe "compte probablement sur un affaiblissement de la détermination" des Occidentaux, a-t-elle prévenu.

Les informations à retenir :

  • Plus de 8 millions de déplacés en Ukraine au 3 mai
  • Les combats s'intensifient dans le sud et l'est de l'Ukraine
  • Joe Biden réactive un dispositif emblématique de la Seconde Guerre mondiale
  • Des missiles ont visé la région d'Odessa faisant un mort et cinq blessés
  • Ambassades de retour à Kiev

Ambassades de retour à Kiev

La ministre allemande a annoncé mardi la réouverture de l'ambassade d'Allemagne à Kiev, fermée peu après l'invasion russe du 24 février. Sa visite a été l'occasion pour Kiev de saluer le "changement de position" de Berlin vis-à-vis de Moscou ces dernières semaines. "Je voudrais remercier l'Allemagne d'avoir modifié sa position sur un certain nombre de questions", dont sa "politique traditionnelle envers la Russie", a déclaré Dmytro Kouleba à Kiev avec Annalena Baerbock. Kiev était allé jusqu'à refuser mi-avril de recevoir le chef de l'État allemand Frank-Walter Steinmeier.

La ministre allemande s'est rendue à Boutcha, près de Kiev, où des centaines de civils tués ont été découverts après l'occupation russe au mois de mars. "Nous devons aux victimes non seulement de commémorer ici, mais de traduire en justice les coupables (...) c'est la promesse que nous pouvons et devons faire ici à Boutcha", a-t-elle déclaré.

Le ministre néerlandais Wopke Hoekstra, également en Ukraine mardi, a tweeté des photos d'Irpin, autre localité proche de Kiev où l'Ukraine accuse les Russes d'avoir massacré des civils en mars, avant une rencontre avec Dmytro Kouleba. Lui aussi a annoncé la réouverture de son ambassade dans la capitale ukrainienne.

Un millier de militaires ukrainiens à Azovstal

"Plus d'un millier" de militaires ukrainiens dont "des centaines de blessés" se trouvent toujours dans l'aciérie Azovstal assiégée par les troupes russes à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, a indiqué mardi à l'AFP la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk. Après l'évacuation de tous les civils la semaine passée avec l'aide de l'ONU, "plus d'un millier" de militaires dont des "centaines de blessés" demeurent dans les galeries souterraines de ce vaste complexe métallurgique, a-t-elle déclaré à l'AFP au téléphone. "Il y a des blessés graves qui nécessitent une évacuation urgente", a-t-elle précisé.

Plus de 8 millions de déplacés en Ukraine au 3 mai, selon l'ONU

Plus de 8 millions de personnes étaient déplacées à l'intérieur de l'Ukraine à la date du 3 mai, plus de deux mois après l'invasion du pays par la Russie, a annoncé mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Au total, l'OIM estime que 13,686 millions de personnes ont été forcées de fuir leur lieu de résidence à cause de l'attaque ordonnée par Vladimir Poutine le 24 février, dont 8,029 millions ont été s'installer ailleurs en Ukraine, le restant ayant fui le pays.

Sept frappes sur la région d'Odessa

Des missiles ont visé aussi la région d'Odessa, l'armée ukrainienne décomptant sept frappes et déplorant un mort et cinq blessés. Le président du Conseil européen Charles Michel, en visite surprise dans cette grande ville du sud, a été obligé de se mettre à l'abri. "Vous n'êtes pas seuls. L'UE est à vos côtés" face à l'"agression" russe, a déclaré M. Michel au côté du Premier ministre ukrainien Denys Chmygal. "Nous serons avec vous aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, "des batailles très intenses se déroulaient autour de Roubijné et de Bilogorivka" dans la région de Lougansk (est), a indiqué le gouverneur Serguiï Gaïdaï. Les Ukrainiens peuvent compter sur l'aide militaire américaine qui s'est déjà élevée à quelque 3,8 milliards de dollars depuis le début du conflit.

Elle devrait être encore facilitée par la signature, lundi, par le président Joe Biden de l'"Ukraine Democracy Defense Lend-Lease Act". Cette loi de "prêt-bail" reprend le dispositif adopté en 1941 par Roosevelt donnant au président américain des pouvoirs étendus pour soutenir l'effort de guerre en Europe.

Accord des 27 en vue sur le pétrole

L'aide militaire américaine, qui s'est déjà élevée à quelque 3,8 milliards de dollars depuis le début du conflit, devrait être encore facilitée par la signature, lundi, par le président Joe Biden de l'Ukraine Democracy Defense Lend-Lease Act. Cette loi de "prêt-bail" reprend un dispositif adopté en 1941 par le président Franklin Roosevelt (1933-1945), qui lui donnait des pouvoirs étendus pour soutenir l'effort de guerre en Europe. En attendant, les négociations se poursuivent sur le projet d'embargo de l'Union européenne sur le pétrole russe, actuellement bloqué par la Hongrie.

Un accord est possible "dans la semaine", a assuré mardi le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune. "Les hydrocarbures russes ne sont pas une simple marchandise. Cela vaut la peine d'y renoncer, avant tout au pétrole. Car la liberté est en jeu. Et la protection de la liberté a un prix", a déclaré mardi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le Premier ministre italien Mario Draghi, dont le pays est très dépendant au gaz russe, mais livre des armes à l'Ukraine, a rencontré mardi Joe Biden à la Maison Blanche. Le premier a appelé de ses vœux "une Union européenne forte (...) dans l'intérêt des États-Unis", le second louant "un bon ami et un grand allié".

Des sessions extraordinaires prévues à l'ONU jeudi

Washington surveille aussi l'industrie russe de l'armement qui, selon le Pentagone, commence à souffrir des sanctions internationales et peine à remplacer les missiles guidés utilisés en Ukraine en raison de l'embargo sur les composants électroniques qui frappe la Russie. John Kirby, porte-parole du Pentagone, a également assuré que des Ukrainiens avaient été "envoyés contre leur gré" en Russie, sans pouvoir donner de chiffre. Kiev avance celui de 1,2 million de personnes déportées en Russie et placées dans des camps.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU organisera jeudi à la demande de Kiev, soutenue par des dizaines de pays, une session extraordinaire sur "la détérioration de la situation des droits humains en Ukraine".

Le même jour, le Conseil de sécurité de l'ONU devrait se réunir pour la 16e fois depuis le début de l'invasion russe, à la demande de la France et du Mexique. Cette session suit le bombardement ce week-end d'une école dans l'est de l'Ukraine, dans lequel 60 civils ont été tués, selon Kiev.