Les maras désormais regroupés dans les prisons salvadoriennes. 1:43
  • Copié
Vincent Hervouët
Ce weekend, plus de 50 personnes sont mortes au Salvador suite à des règlements de compte. Elu il y a un an, le président Nayib Bukele avait juré de mettre les maras, les gangs locaux, au pas. Et le pouvoir salvadorien utilise la crise sanitaire pour frapper encore un plus fort, explique notre éditorialiste, Vincent Hervouët. 

En pleine épidémie de coronavirus, la guerre des gangs a repris de plus belle au Salvador. Ce petit pays d'Amérique centrale est l'un des plus dangereux au monde, hors zones de conflit armé, avec une moyenne en 2019 de 35,6 meurtres pour 100.000 habitants. La majorité de ces homicides sont imputés aux maras, les gangs armés. Ce weekend, plus de 50 personnes sont mortes dans le pays suite à des règlements de compte. Pour le président, Nayib Bukele, les maras profitent de ce que les autorités soient occupés par l'épidémie pour sévir, raconte notre éditorialiste Vincent Hervouët.

Dans les années 1980, la guerre civile fait 100.000 morts au Salvador. Trois des quatre derniers présidents ont ensuite volé à l’Etat des millions de dollars. Et puis Nayib Bukele est arrivé. Il a y a un an, ce réformiste de 37 ans arrive au pouvoir en jurant de mettre au pas les corrompus et les maras, ces hommes qui portent le numéro de leur gang tatoué sur la figure. Il tient parole, mais il y a des rechutes.

 

"Le Salvador c’était la jungle, c’est devenu un zoo"

Le weekend dernier, les règlements de comptes ont fait plus de 50 morts dans le pays. Les autorités ont annoncé dans la foulée qu'elles mettaient fin à la politique carcérale en vigueur depuis 2002 qui consistait à emprisonner séparément les membres des terribles "maras" rivales. Le président fait vider les cellules et entasser des centaines de prisonniers dans le hall, tous gangs confondus. Les images ont fait le tour du monde : des centaines d’hommes tatoués, cranes rasés, quasi nus, alignés comme du bétail sous bonne garde. Le Salvador c’était la jungle, avec Bukele c’est devenu un zoo.

 

 

Et le pouvoir salvadorien utilise la crise sanitaire pour frapper encore plus fort. Le coronavirus impose déjà l’état d’urgence, les salvadoriens sont confinés depuis un mois et demi. La police a désormais le droit de tirer sur les gangs, parce qu’ils la distraient de la surveillance du confinement. L’épidémie a du bon pour les dirigeants qui veulent être obéis au doigt et à l’œil.