Chute du "califat" de l’État islamique : que perd vraiment Daech ?

L'État islamique a perdu son dernier fief en Syrie.
L'État islamique a perdu son dernier fief en Syrie. © AFP/STRINGER
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avec Didier François et AFP , modifié à
Le groupe djihadiste a perdu son dernier fief en Syrie. L’organisation, qui régnait sur un territoire immense il y a quelques années, n’est pas complètement vaincue pour autant.
ON DÉCRYPTE

La fin du "califat" de l’État islamique marque un tournant dans la guerre contre les djihadistes. Les forces arabo-kurdes, aidées par les États-Unis, ont annoncé samedi la chute du dernier fief du groupe terrorise, à Baghouz, dans l’est de la Syrie. Ce "califat", autoproclamé en juin 2014, s’étendait à son apogée sur un territoire grand comme le Royaume-Uni, instaurant sa propre administration sur plusieurs millions d’habitants.

L’organisation djihadiste la plus brutale dans l'histoire moderne y avait aussi fait régner la terreur : décapitations, exécutions massives, rapts et viols. Mais Daech, qui a certes considérablement perdu en influence et en moyens financiers, n’est pas complètement vaincu pour autant.

La perte d’importants moyens financiers

A son apogée, le "califat" de l’EI a soumis une population de plusieurs millions d’habitants à toute sorte d’impôts, de taxes et d’amendes. Une manne évaluée à environ 10 millions d’euros par mois. Daech avait ainsi mis la main sur 12 champs de pétrole, avec leurs raffineries, rapportant près de deux millions d’euros par jour. L’organisation djihadiste, qui a été le mouvement terroriste le plus riche de l’histoire, a désormais perdu une grande partie de son autonomie financière.

Une puissante base arrière

Le "califat" a également servi de puissante base arrière pour préparer des attentats dans le monde entier, avec des camps d’entraînement, des réseaux informatiques cryptés et un puissant appareil de recrutement et de propagande. Mais malgré des moyens financiers et logistiques désormais beaucoup moins conséquents, Daech ne va pas disparaître pour autant.

De la lumière à la clandestinité

Après les pertes territoriales, des djihadistes restent disséminés dans le désert s'étendant du centre syrien jusqu'à la frontière irakienne, ainsi que dans le désert de l'autre côté de la frontière, en Irak. Des cellules dormantes parviennent aussi à mener des attentats meurtriers, disent les experts selon lesquels l'EI a déjà entamé sa mue en organisation clandestine.

L'EI "est une organisation terroriste. Tout ce que (ses membres) ont à faire, c'est baisser les armes, tenter de se fondre dans la population et fuir", estime John Spencer du Modern War Institute à l'académie militaire West Point. "Ils ne sont pas partis et ils ne s'en iront pas comme ça".

Une idéologie toujours présente dans le monde

Selon un rapport du patron de l'ONU Antonio Guterres publié en février, l'EI peut également compter dans le monde sur plusieurs groupes affiliés, qu'il qualifie de "provinces", pour perpétuer son idéologie et son combat.

Surnommé le "fantôme", le chef de l'EI, l'Irakien Abou Bakr al-Baghdadi, se terrerait aujourd'hui dans le désert syrien, selon Hicham al-Hachémi, spécialiste des mouvements djihadistes. Les États-Unis offrent toujours 25 millions de dollars pour la capture de l'homme le plus recherché au monde.