Assassinat de Charlie Kirk : «Il n’était jamais dans une tentative d’humiliation de ses opposants», assure Emma Becker
L'écrivain Emma Becker a signé dans "Le Figaro" une tribune intitulée "J'aimais beaucoup Charlie Kirk". Un texte qui rend hommage à l'orateur sans pour autant masquer les désaccords qu'elle avait avec l'influenceur pro-Trump. Au-delà de l'assassinat, se pose la question de la contradiction et de sa place dans nos sociétés.
Elle n'était pas nécessairement d'accord avec lui, mais elle l'a défendue, plume à la main, dans les colonnes du Figaro. Suivant en quelque sorte la devise (attribuée à tort à Voltaire), "je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire", Emma Becker a signé une tribune dans le quotidien intitulé "J’aimais beaucoup Charlie Kirk", au lendemain de l'assassinat de l'influenceur.
"Un bon orateur, on l'accuse toujours d'être un manipulateur"
Invitée d'Europe 1 Info pour évoquer sa tribune, l'écrivain indique d'emblée avoir "un vice" : le débat. "J'aime quelqu'un qui a des idées bien tranchées, ça déclenche en moi l'envie de savoir comment on en vient à penser des choses comme ça. Moi, je regardais les débats de Charlie Kirk, parce que je trouvais génial qu'un mec arrive avec des énormités comme 'je trouve que le féminisme, c'est une enfumade complète'. J'ai envie de savoir d'où cet argument-là lui vient", poursuit l'auteur du Mal joli (Albin Michel, 2024).
"J'ai entendu depuis ce matin évidemment que c'était un manipulateur, qu'il mentait... mais on oublie souvent qu'un bon orateur, on l'accuse toujours d'être un manipulateur. Un bon orateur, il a envie de gagner, il a envie de se défendre, mais c'est un jeu pour lui. Il me semblait qu'il y avait chez Charlie Kirk quelque chose d'assez rare, et encore une fois qu'on partage ces idées ou non, c'était-à-dire qu'il n'était jamais dans une tentative d'humiliation de ses opposants et que je le trouvais au contraire assez pédagogue dans sa manière de manier les arguments."
"La liberté d'expression, c'est aussi monter au créneau pour des gens dont on ne partage pas les idées"
Mais à l'heure où en France, "certains sont presque en train de justifier cet assassinat" affirme Laurent Tessier, éditorialiste sur Europe 1, Emma Becker ne craint-elle pas des conséquences négatives après sa tribune ? "Si ça a des retombées, c'est bien qu'il y a un gros problème de perception dans le regard que l'on pose sur cet événement", répond la principale intéressée.
"Effectivement, oui, on me fait le reproche de défendre un homme qui avait des idées nauséabondes, mais encore une fois, ça n'est pas vraiment le problème. Si ça avait été un démocrate tué par un droitiste radical, je l'aurais défendu de la même manière, sauf que personne ne s'en serait ému puisque tout le monde l'aurait défendu également, puisque c'est toujours plus facile de défendre les gens que le monde défend." Et d'asséner : "La liberté d'expression, c'est aussi monter au créneau pour des gens dont on ne partage pas les idées."
La contradiction, une action démodée
"J'ai l'impression que la contradiction n'est plus quelque chose qui est à la mode. On prend ça à chaque fois pour une insulte et pour une forme d'agressivité. Il me semble au contraire que c'est quand même un petit peu la base de la démocratie, de la discussion en général", poursuit une Emma Becker qui insiste sur le fait que sa tribune n'est politique que parce qu'elle est récupérée.
"Je bosse avec un truc très fragile et qui devient de plus en plus rare qui s'appelle la nuance. Et je trouve que la nuance est une chose qui manque beaucoup au débat. Quand j'entends des gens venir me dire dans mes commentaires 'ouais mais le type pensait ça, ça, et ça', j'ai envie de leur répondre 'et alors ?' Est-ce que ça justifie de tuer un mec de 30 ans devant ses gosses d'une balle dans le cou ?"