Les prix devraient continuer à baisser en 2024 sur le front de l'immobilier, mais la crise du logement ne sera pas résolue de sitôt. 1:11
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Romain Rouillard / Crédit photo : Mathieu Thomasset / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Les prix de l'immobilier ont reculé de façon spectaculaire en 2023. Une baisse qui n'avait plus été observé depuis 2013, qui devrait se poursuivre en 2024 et qui pourrait s'accompagner d'un assouplissement des conditions de crédit. Insuffisant néanmoins pour relancer, dans l'immédiat, un marché grippé.

Au sortir d'une année 2023 marquée par une crise importante dans le secteur de l'immobilier, il est désormais temps de dresser les perspectives pour l'année 2024. Et si ces dernières s'annoncent plutôt encourageantes, les ménages n'auront pas de quoi se réjouir tout de suite, à en croire le baromètre de Meilleurs Agents pour l'année à venir, qu'Europe 1 vous dévoile en exclusivité. 

Selon l'étude, la baisse significative des prix de l'immobilier en 2023 - un recul de 1,8% qui n'avait plus été observé depuis dix ans - devrait se poursuivre en 2024. Meilleurs Agents table même sur une contraction de 4% des prix pour l'année à venir. Une bonne nouvelle qui ne saurait toutefois régler la crise du logement qui s'est installée dans l'Hexagone. 

Deux paramètres en passe de s'ajuster...

Car en dépit de cette tendance baissière, le nombre de ventes s'est effondré en 2023. Dans l'ancien, elles sont même passées sous la barre des 900.000 transactions, soit une diminution de près de 25% par rapport à 2022. En cause, le durcissement des conditions d'octroi de crédit - le nombre de prêts accordés a d'ailleurs chuté d'environ 40% en 2023 - mais aussi la hausse des taux d'intérêts qui fragilise la solvabilité des ménages. 

Ces deux paramètres, principaux responsables du ralentissement du marché immobilier, sont cependant en passe de s'ajuster, selon Thomas Lefebvre, directeur scientifique de Meilleurs Agents. "En décembre, la Banque Centrale Européenne a en effet décidé de laisser ses taux d’intérêts directeurs inchangés pour le deuxième mois consécutif. Cette inflexion dans sa politique monétaire tend à suggérer que l’institution ne souhaite plus durcir les conditions de financement", ajoute-t-il. D'après François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, cela pourrait même ouvrir la voie à une réduction des taux sur le Vieux-Continent. 

... Mais de façon très progressive

Une série de bonnes nouvelles, certes, mais qui demanderont un certain temps avant de se matérialiser de façon concrète pour les ménages qui devront donc prendre leur mal en patience. Ces prévisions plutôt optimistes sont également soumises à condition. Un choc ou une inflation qui repartirait à la hausse viendraient brusquement enrayer la dynamique positive.

Par ailleurs, il faut observer un certain délai - généralement quelques mois - avant que la baisse des taux d'intérêt ne soit répercutée, par les établissements bancaires, sur leurs taux immobiliers. Des taux qui, en dépit de cette baisse qui a de bonnes chances de voir le jour, resteront bien supérieurs à ceux que nous avons connus ces dernières années. 

"Le stock de biens sur le marché devrait continuer à gonfler" 

"Ce léger mieux du côté du crédit ne suffira pas à combler l’actuel déséquilibre entre l’offre et la demande", ajoute d'ailleurs Thomas Lefebvre qui poursuit : "Le stock de biens sur le marché, déjà très important, devrait continuer à gonfler dans les mois à venir". Une situation qui pourrait néanmoins convaincre certains vendeurs de baisser leurs prix. "Le marché devrait donc connaître une baisse mécanique de ses prix assez forte au moins jusqu’au printemps avant d’enchaîner sur une période d’accalmie. C’est en effet vers cette époque de l’année, traditionnellement plus dynamique en termes d’activité, que les premiers effets de la baisse des taux d’intérêts pourraient se faire sentir" conclut Thomas Lefebvre.