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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce jeudi, il s'intéresse aux prévisions politiques et à un document exceptionnel de René Barjavel en 1947.

Tous les jours Bruno, vous décortiquez ici les obsessions médiatiques et ce matin, vous avez choisi de vous pencher sur la grande passion qu’entretien la télévision pour l’anticipation car vous nous avez apporté une merveilleuse trouvaille.

Oui, ça n’a pas pu vous échapper Philippe, la télé est un média pressé.

Pressé de savoir ce que l’avenir nous réserve et d’essayer de l’anticiper, voilà pourquoi elle est toujours incroyablement prompte à faire des plans sur la comète.

Hier, par exemple, la télé voulait absolument savoir quelle issue allait bien pouvoir prendre cette satanée réforme des retraites.

Alors ? Et bien alors, sur C. News, Pascal Praud a émis l’hypothèse d’une adoption aux forceps :

Sur France 2, Julian Bugier a fait la même chose :

Tandis que, sur BFM-TV, Benjamin Duhamel spéculait sur les conséquences d’un rejet du texte par l’assemblée nationale :

Bref, toute la journée, la télé a tenté de prendre de l’avance, au point que, en pleine conférence de presse, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a même dû prévenir, très catégoriquement, les journalistes :

Voilà, alors cette grande journée d’anticipation politique m’a rappelé un souvenir. Car la passion de la télévision pour la prédiction du futur n’est pas neuve. Et pour en apporter, ici, la démonstration, je vous ai dégoté un document merveilleux :

Car figurez-vous qu’en 1947, juste après la guerre, la télévision avait demandé à René Barjavel, qui était un écrivain très connu pour ses romans d’anticipation, justement, d’essayer d’imaginer le futur.

Elle lui avait proposé de réaliser un reportage, dans lequel il pourrait donner libre cours à sa vision du siècle prochain.

Et ce que René Barjavel prédisait, en 1947, est tout simplement prodigieux. Saisissant, troublant de réalité, avec ce que nous connaissons, pour de bon, aujourd’hui, car pratiquement tout y était. Par exemple, Barjavel avait parfaitement su prédire l’essor qu’allait prendre la télévision.

Mais mieux que ça, Barjavel avait, aussi, imaginé les progrès technologiques que nous allions connaître. Car dans son film, il avait inventé, rien de moins, que le smartphone.

Et oui, à l’image, il montrait des petites lampes de poche, qu’il avait transformées en écrans portatifs, des écrans que tous les figurants tenaient avidement à la main, tandis qu’ils marchaient dans la rue, avec cet air hagard et absorbé que nous connaissons tous si bien, aujourd’hui :

Et devinez un peu ce que regardaient ses passants sur leurs lampes de poche- i.Phone ? Et bien ils regardaient les chaînes info :

Mais attention, René Barjavel avait également vu venir les réseaux sociaux ou encore les applications de rencontres, Tinder, et même les amours virtuels :

Alors, malheureusement, Barjavel n’a rien dit, pas un mot, à propos de la réforme des retraites, du 49.3 ou de la dissolution de l’assemblée nationale, en revanche, il avait parfaitement vu venir les affres de ce que l’on nomme aujourd’hui la politique spectacle.

Nous vivons, cher Philippe, une époque prévisible.