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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce lundi, il s'intéresse à l'interview d’Olivier Dussopt qui vient tout juste de paraitre dans le magazine Têtu.

Tous les jours, Bruno Donnet analyse ici les stratégies médiatiques. Ce matin, il a choisi de pointer votre télescope sur une interview d’Olivier Dussopt qui vient tout juste de paraitre dans le magazine Têtu.

Un entretien remarquable, signé Nicolas Scheffer et Morgan Crochet qui se sont empressés de poser cette question au ministre du travail : « Nous ne sommes pas n’importe quel journal politique, lui ont-ils fait remarquer, pourquoi nous recevoir aujourd’hui ? »

Un excellent préambule car Têtu est un magazine spécialisé dans le traitement des questions qui touchent les communautés homosexuelles.

Alors qu’y a-t-il, précisément dans cette interview ?

La révélation qu’Olivier Dussopt est un ministre têtu ?

Non, ça, vu l’obstination dont il a fait preuve pour défendre, contre vents et marées humaines, sa réforme des retraites, tout en conservant son calme en toutes circonstances, on savait déjà qu’il était un peu têtu : « Mesdames et Messieurs les députés Insoumis, vous m’avez insulté 15 jours ! Vous sortez mais vous m’avez insulté. Personne n’a craqué. Personne n’a craqué et nous sommes là, devant vous, pour la réforme ! »

Non ce qu’il y a de saillant dans cet entretien, c’est qu’Olivier Dussopt y fait un coming out !

Mais sur quel sujet précisément ?

Le ministre du travail ne révèle pas qu’il est de droite. Non, comme il l’a déjà dit au Parisien, avant de le confirmer, sur LCI, il est de gauche : « Vous rediriez c’est une réforme de gauche ? Je le dis et je le répète. »

Alors quoi ? Il avoue, enfin, comme l’en avait accusé le député Aurélien Pradié qu’il joue aux mots croisés en pleine Assemblée nationale ? « Mais le premier des respects, Monsieur le ministre des comptes publics, c’est de ne pas faire des mots croisés lorsque la représentation nationale s’exprime, aussi pénible que ce soit ! »

Non plus Philippe, le diable s’habille en Pradié, mais sur son amour pour les mots croisés, à l’Assemblée, Olivier Dussopt avait déjà fait son coming out sur le plateau d’Apolline de Malherbe : « Vous jouez vraiment aux mots croisés dans l’assemblée ? Oui, j’ai fait une bêtise, j’ai ouvert une grille pendant une interruption de séance. »

Fin au suspens, Olivier Dussopt confie au magazine Têtu qu’il est gay !

Derrière cette révélation, il faut en fait se poser deux questions.

La première, c’est qu’est-ce qu’on en a à faire ?

Et la réponse c’est rien. On s’en tamponne car ce qui nous intéresse, chez un ministre, c’est la nature de la politique qu’il mène, pas sa sexualité.

Du coup, la deuxième question, nettement plus intéressante cette fois, c’est à quoi ça sert ? Pour quelles raisons un ministre du Travail fragilisé, vient-il nous dire, aujourd’hui, qu’il est homosexuel ?

Et cette question-là, les journalistes de Têtu n’ont pas oublié de la poser à Olivier Dussopt : « Nous recevoir pour évoquer votre homosexualité, lui ont-ils fait remarquer, après cette réforme et alors que la contestation fait rage, n’est-ce pas une tentative de diversion politique ? »

C’est judicieux, car le sentiment qu’ont éprouvés nos confrères, c’est que le ministre du Travail utilisait, opportunément, sa sexualité comme une sorte de totem d’immunité : « La main sur le cœur, écrivent-ils, olivier Dussopt promet qu’il ne s’agit pas d’une stratégie de diversion. »

Les journalistes de Têtu ne sont pas dupes et s’ils ont souhaité rencontrer le ministre, ça n’est en aucun cas pour évoquer sa sexualité à lui, mais bien pour l’interroger sur le sort des personnes LGBT qui, précisent-ils, « vont être tout particulièrement touchés par cette réforme, en raison des discriminations qu’elles subissent au cours de leur carrière. »

Cet entretien est remarquable car si Olivier Dussopt tente probablement de l’utiliser pour faire « diversion », comme l’écrivent nos confrères, les journalistes de Têtu le recadrent, systématiquement. Du reste l’article ne s’intitule pas : « Olivier Dussopt : je suis gay », il a pour titre : « Olivier Dussopt : Nous aurons peut-être à réutiliser le 49.3 ». Une manière extrêmement habile, de renvoyer le ministre du Travail précisément à ce qu’il tentait, avec cette révélation, de nous faire oublier.