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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce mercredi, il s'intéresse à la porosité médiatique.

Tous les jours, Bruno Donnet décortique le fonctionnement médiatique. Ce matin, il a choisi de se pencher sur un phénomène parfois très spectaculaire : la porosité médiatique.

La porosité médiatique, où comment un seul média, parce qu’il est prescripteur, a quelquefois la capacité d’influencer tous les autres.

Dans l’écosystème médiatique, un journal est extrêmement lu, non seulement par le public mais également par l’ensemble des journalistes qui y cherchent, bien souvent, une matière à inspiration.

Et ce journal, c’est Le Parisien. Il propose très régulièrement, dans ses pages, des sujets qu’on appelle de proximité, des sujets concernant, des sujets qui racontent les mutations de la société.

Hier matin par exemple, en page 9 du Parisien, un grand article faisait état d’une tendance nouvelle. Son titre : « Le crédit conso davantage utilisé pour boucler les fins de mois ».

Maxime Gayraud, qui signait ce papier, y expliquait sur une pleine page que de plus en plus de Français souscrivent désormais des emprunts, non plus pour acheter une voiture, ou pour réaliser des travaux chez eux, mais bien pour terminer le mois.

Et bien devinez un peu de quoi il fût question, hier soir, dans le 20 heures de TF1 : « Il fût un temps, pas si lointain, où les français souscrivaient un emprunt à la consommation pour changer de voiture, ou financer des travaux chez eux. »

De ces crédits-là. Et savez-vous sur quel sujet avait choisi de se pencher le 20 heures de France 2 ? « C’est le signe que de plus en plus de Français ont du mal à boucler leurs fins de mois : le nombre de crédits à la consommation a bondit de 7,7% en 2012. »

Et sur France 3 alors de quoi le 19/20 a-t-il bien pu décider de nous causer ? « Boucler les fins de mois, grâce à un crédit conso. Avec l’inflation, les français sont de plus en plus nombreux à contracter des prêts de quelques milliers d’euros. »

Quant à M6, LE sujet qui était au menu : « C’est une des conséquences directes de l’inflation, les prêts à la consommation ne servent plus comme avant à financer des projets mais de plus en plus à faire face aux dépenses du quotidien. »

Voilà, carton plein, Le Parisien a réussi à influencer tous les journaux télévisés qui ont vu dans ce sujet d’hyper-proximité une occasion en or d’intéresser leur public !

Mais si le sujet, a été allègrement pompé, hier, la manière de l’aborder n’a pas été en reste.

Dans son article, et pour tenter d’expliquer le phénomène, le journaliste du Parisien a donné la parole à une certaine Maël Bernier, qui est porte-parole du site « Meilleurtaux.com ».

Elle lui a expliqué qui étaient ces nouveaux emprunteurs, quels sommes ils demandaient et combien ils gagnaient, en moyenne, tous les mois.

Et bien savez vous à qui TF1 a donné la parole ? Non ? Si si. A Maël Bernier : « On est sur des profils moyens pour des couples, autour de 4 300 euros nets mensuels, donc voyez c’est des CSP moyennes, des classes moyennes typiques. »

Et qui a expliqué, à France 2, quel était le montant, moyen, des emprunts ? Maël Bernier : « L’année dernière, vous empruntiez 11 000 euros, ça vous coûtait finalement moins cher que quand vous empruntez 8 000 euros aujourd’hui. »

Maël Bernier qui a dû avoir un boulot considérable, hier, puisqu’elle a également répondu aux questions de France 3 : « En général, la trésorerie c’était 25-30% mais pas du tout 1 prêt sur 2, on avait beaucoup sur l’auto, les travaux. »

France 3 qui s’est un poil avancé, en utilisant cette formule un rien cocasse : « C’est du jamais vu ! »

Puisque si si, on a bien vu le sujet, absolument partout, et Maël Bernier, aussi, qui a bouclé sa journée, éreintée, ou ça ? Dans le journal d’M6 : « Fait assez nouveau, on a des emprunteurs qui sont de plus en plus aisés puisqu’un foyer moyen d’emprunteurs crédit conso, gagne autour de 4 300 euros nets par mois. »

Alors voilà, pour faire un bon sujet de JT, c’est pas très compliqué. Il suffit d’ouvrir Le Parisien, de bon matin, de lui chiper ses idées et ses clients, et le tour est joué.

Les journalistes sont des moutons, souvent frappés de panurgisme, voilà pourquoi ils n’hésitent, jamais, à aller bouffer sur le dos, du Parisien, LE bon sujet qui tiendra leur public en haleine.