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Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce jeudi, il s'intéresse à l'annulation du concert de Bilal Hassani à Metz, dans la basilique de Saint-Pierre-aux-Nonains qui désacralisée depuis plus de 500 ans.

Tous les jours, Bruno Donnet traque les séquences fortes de l’agenda médiatique. Ce mercredi soir, il a été très touché par le passage de Bilal Hassani sur le plateau de C à Vous.

Ce garçon a réussi, très simplement, à solutionner une équation médiatique, pourtant toujours infiniment compliquée : comment faire pour bien calibrer une réponse à des attaques parfaitement immondes ?

Mais avant de commencer, il faut d’abord résumer l’affaire à tous ceux à qui elle aurait échappée.

Bilal Hassani est un jeune garçon. Il a tout juste 23 ans. Il est d’origine marocaine et il s’est fait connaître, il y a maintenant cinq ans, grâce à sa chaîne YouTube et aux réseaux sociaux. Pourquoi ? Et bien parce que Bilal a deux petites particularités : Il aime les garçons et il porte des perruques.

C’est tout.

Mais le simple fait d’être gay et de le dire avec une perruque de fille, posée sur la tête, suscite, depuis qu’il a débuté ses apparitions sur internet, des moqueries, des insultes et le harcèlement de hordes de trolls qui viennent lui chercher des poux dans le postiche, au point qu’alors qu’il n’avait encore que 19 ans, Bilal avait été contraint de leur poster un petit message d’apaisement : « Pour toutes les personnes qui se prennent trop la tête, à essayer de me mettre dans une case (…) arrêtez et commencez à voir plus large, tel un grand champ de blé où tout le monde cohabite. »

Depuis, Bilal Hassani s’est lancé dans la chanson. Il a défendu les couleurs de la France à l’Eurovision en 2019, avec ce titre-là : « Quand je rêve je suis un roi. Quand je rêve, je suis un roi ! »

Et il continue, aujourd’hui, sa carrière de chanteur à perruque : « T’es pas un vrai mec. Tu fais trop la meuf ! »

Hier, le jeune Bilal avait donc prévu de démarrer une tournée de concerts. Il devait se produire à Metz, dans la basilique de Saint-Pierre-aux-Nonains, une église qui, depuis plus de 500 ans a été désacralisée, c’est-à-dire qu’on n’y célèbre plus la messe, puisqu’elle a été transformée en salle d’exposition et de concert.

Seulement voilà, la venue programmée du chanteur à faux cheveux longs, n’a pas plu à une petite frange de catholiques traditionnalistes d’extrême droite qui ont menacé de saboter sa performance, de s’en prendre à lui et à son public et qui ont posté, ce message, sur les réseaux sociaux : « A notre époque où règne un vent de désenchantement, où la tempête du wokisme souffle un par un les piliers de notre civilisation, il est vital de dresser sans plus tarder les barricades les plus solides face à ce cancer sociétal. »

Voilà alors le « cancer sociétal » présumé, c’est bien sûr l’homosexualité du jeune Bilal, dont le concert a finalement été annulé, sous la pression et face à la menace que faisait planer sur l’organisation ces activistes homophobes.

Du coup, privé de concert, Bilal Hassani a été invité, hier soir, par France 5, sur le plateau de C à Vous.

Anne-Elisabeth Lemoine lui a bien sûr demandé de réagir aux attaques de ceux qui, dans un tract, l’ont accusé de blasphème et de pornographie : « Je ne fais pas de pornographie, je fais du chant, je fais de la musique, je danse, je chante sur scène et ça depuis toujours. »

Bilal a donc tenté de répondre avec des mots. Mais ses silences et ses hésitations traduisaient son découragement : 

Bilal a finalement été invité à chanter. Et là, perruque blonde, toujours fièrement vissée sur la tête, le jeune garçon a répondu probablement de la plus intelligente des façons, à tous les homophobes qu’il défrise.

Il a repris un tube, chanté par Dalida. Dalida, immense interprète, devenue, aussi, une icône gay : « Laissez-moi danser, laissez-moi. Laissez-moi danser, chanter en liberté, tout l’été ».

Et si, en effet, on foutait enfin la paix à ce jeune garçon qui revendique, tout simplement, qu’on le laisse être qui il est, qu’on le laisse chanter et danser en liberté.