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Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.

Les 80 km/h seront désormais à la carte. Le gouvernement a décidé de transférer ces décisions aux départements. C’est le premier acte de changement de méthode post Grand débat sur une mesure symbolique.

Vous avez demandé l’acte 2 du quinquennat ? La nouvelle méthode, mettre les collectivités locales au pied du mur. La décision a été prise depuis janvier, mais il fallait trouver le bon calendrier parlementaire. Sur les routes secondaires, la vitesse sera donc limitée à la carte, mais selon la carte des territoires.

Dans l’histoire secrète de cette décision, il faut savoir que ce transfert de compétence de l’État vers les départements se fait en fait contre l’avis du Sénat, qui avait recommandé que la décision des présidents de départements soit partagée avec les préfets. Étonnante approche quand on sait que les sénateurs sont des pourfendeurs de l’État centralisateur contre les territoires. Édouard Philippe a dit non, pas question de partager la décision : ce sont les départements seuls qui décideront, puisqu'ils le voulaient.

Donc à la question "est-ce que le Premier ministre a mangé son chapeau ?", la réponse est "sur un bord seulement".  Un fait est incontournable : la mesure n’est pas supprimée. Elle a été aménagée comme l’avait fortement suggéré Emmanuel Macron quand il avait dit cet hiver "on peut le faire plus intelligemment". Lors de la restitution des contributions des Français au Grand palais en avril, le Premier ministre avait acté le changement de méthode.

C’est une lourde responsabilité qui va désormais incomber aux départements ?

Il n’y avait qu’à observer les petits sourires en coin de quelques responsables gouvernementaux ces jours derniers à chaque fois que l’on évoque ce dossier. "Ah oui, ça va changer des choses !" Il n’y a pas de raison que l’État soit le seul destinataire de la colère des automobilistes.

À Matignon, on enfonce le clou : "Désormais, les gens sauront que si c’est 90 ou 80 km/h, c’est une décision du département". Ce jeudi, on se montrait très détendu dans l’équipe d’Édouard Philippe. "La preuve est établie que l’acte 2 s’est préparé entre le président et le premier ministre", dit-on autour du gouvernement. Et les réformes continuent, la prochaine étape sera les retraites et l’assurance chômage.

Édouard Philippe tire à boulets rouges sur la droite dite "Trocadéro" celle de Wauquiez et Bellamy en pleine campagne des européennes. C’est un signal envoyé de Matignon et la traduction est "Édouard Philippe n’a pas mangé son chapeau". Ceux qui dans la majorité tablent sur son départ de Matignon après les européennes sont pour l’instant dans leurs petits souliers.