Depuis juillet 2018, la limitation de vitesse était passée de 90 km/h à 80 km/h sur les routes secondaires. 3:00
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Grégoire Duhourcau, avec Shanel Petit et Raphaëlle Duchemin , modifié à
La décision de maintenir la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires reviendra désormais aux présidents des conseils départementaux. L'un d'entre eux explique sur Europe 1 que ce "n'est pas une victoire" mais "une décision de bon sens".
ANALYSE

Faut-il assouplir ou non la mesure des 80 km/h sur les routes secondaires ? Édouard Philippe renvoie la balle dans le camp des présidents des conseils départementaux. Le Premier ministre a assuré jeudi ne voir "aucun inconvénient" à leur laisser la capacité à déroger à cette règle.

En vigueur depuis juillet 2018, la limitation à 80 km/h sur la plupart des routes secondaires avait provoqué la colère de nombreux automobilistes. Aujourd'hui, certains retrouvent le sourire, comme Mehdi, qui emprunte tous les jours la D336 dans les Yvelines, une route toute droite, sur laquelle la vitesse était passée à 80 km/h au lieu de 90 km/h. Il trouvait injuste la réduction de la vitesse sur cette départementale qui ne présente aucun danger, selon lui. "Chaque région est spécifique, chaque route est spécifique. On ne peut pas prendre une décision nationale décidée depuis Paris, pour être appliquée un peu partout sur le territoire national. Je pense que c'est une bonne idée de revenir dessus", juge-t-il sur Europe 1.

"Vu de Paris, la voiture est devenue l'ennemi public numéro 1"

Un son de cloche similaire du côté de François Sauvadet, président du conseil départemental de Côte-d'Or, pour qui, "vu de Paris, la voiture est devenue l'ennemi public numéro 1". "C’était incompréhensible que depuis Paris, on détermine que sur tout le réseau départemental, on allait passer à 80 km/h avec des situations complètement invraisemblables", lâche-t-il au micro de Raphaëlle Duchemin. Il cite notamment les "38 kilomètres" qui séparent Dijon et Beaune sur lesquels il y avait "42 changements de vitesse" depuis l'entrée en vigueur de la mesure. D'après lui, l'assouplissement de cette règle "n'est pas une victoire" mais "une décision de bon sens".

Franck, qui parcourt plusieurs centaines de kilomètres chaque semaines, estime néanmoins que le fait de laisser les présidents des conseils départementaux décider est une façon pour l'exécutif "de se débarrasser du sujet". Il craint également que le choix selon les départements "risque d'être assez subjectif". "Il y en a un qui va être plus sensible à la conduite et qui va autoriser 90 km/h et il y en a un autre, pour peu que son neveu ou autre ait eu un accident de voiture, il va descendre à 80 km/h."

"Un transfert de responsabilités" vers les collectivités locales

Selon notre éditorialiste politique Michaël Darmon, "il y a un transfert de compétences, de responsabilités et peut-être de motifs de colère des populations" vers les collectivités locales. Conclusion, "c'est plutôt un joli coup" de la part d'Édouard Philippe. Et de conclure : "Jusqu'à présent, les collectivités locales étaient dans le bon rôle, elles critiquaient l'État. Mais s'il y a un transfert des compétences, il faudra aussi un transfert des responsabilités, d'expertise et de capacité à faire passer une mesure."