Chaque matin, Anne-Laure Jumet décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.
Anne-Laure Jumet remplace Axel de Tarlé du 22 au 26 octobre 2018.
280 salariés d'Ascoval attendent toujours une décision de justice quant à la reprise de leur site de Saint Saulve dans le Nord. L'audience prévue ce mercredi au tribunal a été reportée de deux semaines. Un dossier qui s'enlise et qui pourrait être le "Florange" d'Emmanuel Macron.
Effectivement parce que le chef de l'État s'est engagé à plusieurs reprises sur la pérennité de ce site sidérurgique (comme François Hollande l'avait fait avec le site de Florange). En juin 2015, celui qui est encore ministre de l'Économie assure aux salariés qu'il n'y aura aucune fermeture. Ça met du temps mais effectivement en janvier 2017, le site est repris par le groupe Ascométal. Mais moins d'un an après ce dernier dépose le bilan.
Emmanuel Macron assure alors à la maire de Saint Saulve qu'elle peut dormir sur ses deux oreilles. Mais quelques jours plus tard, le repreneur choisi par le tribunal ne veut pas du site de Saint Saulve. Retour à la case départ...
Aujourd'hui, il n’y a qu’une seule offre ferme, celle du franco-belge Altifort. Le problème c’est qu’elle n’a pas du tout les financements suffisants, explique-t-on à Bercy.
Que fait l'État justement? Cherche-t-il une solution ?
Tout à fait d'autant qu'il est indirectement actionnaire de Vallourec (via la Banque publique d'investissement). Vallourec auquel le repreneur demande un soutien financier important mais le groupe ferme la porte, le projet étant beaucoup trop fragile. Et puis ça va lui coûter cher, environ 51 millions d'euros sur trois ans.
Alors faut-il tordre le bras à Vallourec ? Pour Bercy, ce n'est pas une option.
Le groupe est déjà en difficulté et il emploie quand même 2.800 salariés. Donc attention à ne pas le mettre en danger, dit-on dans l'entourage du ministre.
Malgré tout à Bercy, on veut montrer que l'on est actif. Ce mercredi, Bruno le Maire a ainsi avancé une proposition "pour un euro d'argent privé, l'État mettra un euro d'argent public". Mais sans Vallourec, personne ne veut y aller, le dossier est donc dans l'impasse. "On n’est pas résigné, mais on n’est pas très optimiste", résume-t-on dans l’entourage de Bruno le Maire.
Emmanuel Macron a-t-il prévu de retourner à Saint Saulve ?
En tous cas il ne sera pas loin, à un moment stratégique.
Le 8 novembre, au lendemain de l’audience du tribunal, il sera à Maubeuge pour les commémorations de la première guerre mondiale. Certains sur place l’attendent déjà au tournant.