Vite, rapatrions le ministère du Tourisme vers Bercy !

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Nicolas Bouzou
Alain Griset, l'ex-ministre chargé des PME a été remplacé après sa condamnation judiciaire par Jean-Baptiste Lemoyne, qui était jusqu'alors ministre chargé du Tourisme. Sa nomination pourrait favoriser le retour du Tourisme dans le giron total de Bercy. Une bonne nouvelle selon notre éditorialiste Nicolas Bouzou.
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Cette semaine, Alain Griset, le ministre des PME et de l'artisanat a démissionné après sa condamnation judiciaire pour déclaration incomplète de son patrimoine. Il a été remplacé par Jean-Baptiste Lemoyne, qui était jusque-là secrétaire d'Etat au Tourisme. Cette nomination pourrait favoriser un retour total du Tourisme dans le giron de Bercy.

Double tutelle pour le ministère du Tourisme

Alain Griset est un ministre qui n'a sans doute pas démérité, ni spécialement mérité. En fait, il avait nommé à ce poste pour assurer la tuyauterie entre les plans de relance et les entreprises. Artisan-taxi, il connaissait très bien le terrain et était sans doute une pièce utile dans le dispositif des plans de relance.

Mais ce qui m'intéresse ici, c'est que le secrétaire d'Etat au Tourisme, en l'occurrence Jean-Baptiste Lemoyne, revient progressivement vers Bercy. Alors, ce n'est pas encore tout à fait réalisé à ce jour, puisque Jean-Baptiste Lemoyne aura deux ministres de tutelle. C'est le charme de la complexité française. Jean-Baptiste Lemoyne sera donc à la fois sous la tutelle du ministre des Affaires étrangères et sous la tutelle du ministre de l'Economie et des Comptes publics. Mais enfin, on peut quand même imaginer qu'il soit plus souvent à Bercy qu'au Quai d'Orsay, y compris pour les affaires touristiques.

Le Tourisme, "volé" par Fabius sous Hollande

Pourquoi ce retour partiel dans le giron de l'Economie ? Ce qu'il faut savoir, c'est que le ministère du Tourisme avait été en quelque sorte volé à Bercy par Laurent Fabius quand il était le ministre des Affaires étrangères sous François Hollande. L'idée qui avait été théorisée, c'était de mettre en place une diplomatie économique qui bénéficierait au tourisme. Alors autant vous dire que ça n'a jamais marché. Déjà, le Quai d'Orsay n'a pas spécialement de compétence dans ces domaines, mais surtout, c'était un non-sens sur le fond.

En réalité, il faut une économie puissante pour faire valoir une politique étrangère. L'inverse fonctionne moins bien. Je vous donne un exemple très concret. En 2009, un excellent ministre de Bercy qui s'appelait Hervé Novelli avait créé Atout France, l'agence de promotion touristique de notre pays. Ça fonctionnait très bien à Bercy. Et puis cette agence a considérablement perdu de son influence au Quai d'Orsay. Les diplomates se sont rendu compte que l'économie, ce ne sont pas que des mots, ce n'est pas que de la diplomatie, c'est aussi de la technique et de la puissance. Le tourisme, je le rappelle, c'est 7 points de PIB.

Rapatrions le Tourisme vers l'Economie

Les enjeux sont multiples pour le secteur. À court terme, il faut compenser la fermeture des frontières, éviter la faillite des gros acteurs, plus que celle des petits acteurs qui ont accès à des aides comme le Fonds de solidarité pour les entreprises. Et puis, à moyen terme, bien évidemment, la décarbonation du secteur. Je pense aux stations de ski, notamment, qui ont un bilan carbone qui n'est pas toujours bon. Alors pour faire ça, il faut une stratégie intégrée. Il y a de la politique économique, de la politique industrielle, de la recherche. Regardez le transport aérien. Aujourd'hui, l'enjeu, c'est l'avion décarboné. Rendre les aéroports plus compétitifs, permettre la montée en gamme des tours opérateurs.

Il faut des gens motivés pour atteindre ces objectifs, des spécialistes, un bon Bercy et un bon ministre de l'Economie. Espérons que ce rapatriement du Tourisme vers Bercy soit vite conclu.