Taxes en cascade : la goutte d’eau qui fait déborder la filière vins et spiritueux
Les représentants des entreprises de vins et spiritueux dénoncent une série de nouvelles taxes, discutées dans le cadre du budget 2026, qui pourraient être le coup de massue redouté dans le milieu. Avec plus de 30 amendements, cette litanie de taxes mettra à mal le secteur composé à 90% de PME, après une année 2025 financièrement asphyxiante.
Alors que la filière vins et spiritueux connaît de nombreuses difficultés financières, ses représentants se dressent à nouveau contre une série de nouvelles taxes, proposées dans le budget 2026 au Parlement. Une trentaine d'amendements visent en effet la filière, déjà durement taxée.
"Laissons les entreprises respirer"
Plus de 30 amendements visent la filière : taxe de 3% sur la publicité, élargissement de la taxe sur les "premix", ces mélanges spiritueux / sodas, à tous les alcools jusqu'à 24 degrés, prix minimum de vente dans la grande distribution...
"Trop c'est trop", soupire Jean-Pierre Cointreau, président de la Maison Vins et Spiritueux, qui rappelle que le secteur emploie 600 000 personnes et est composée à plus de 90% de PME : "Nous avons de nombreuses entreprises qui sont en difficulté, voire même au Tribunal de Commerce. Nous ne voulons pas de taxes supplémentaires, laissons les entreprises respirer et arrêtons la créativité fiscale que certains parlementaires adorent."
Une nouvelle salve de taxes alors que la filière vit une année 2025 difficile : fin août, les exportations totales étaient en baisse de 3 % en volume et 5 % en valeur. Pour les Etats-Unis, l'entrée en vigueur des droits de douane de 15 % a entraîné une division par 2 des exportations.
L’effet boomerang de la taxe "GAFAM"
Autre grande inquiétude, les représailles américaines après le doublement de la taxe GAFAM, de 3 à 6%, qui vise les entreprises du numérique, avec un seuil de taxation à 2 milliards d’euros.
Elle a été adoptée la semaine dernière à l'Assemblée et si elle va au bout du parcours législatif, ce serait terrible pour l'export, "qui pèse 16 des 30 milliards d'euros de chiffres d'affaires du secteur", anticipe Gabriel Picard, président de la Fédération des exportateurs de vins & spiritueux.
"La taxe GAFAM, c'est un chiffon rouge pour les Etats-Unis et les vins et spiritueux français, qui seront les seuls en Europe à s'exposer sur le sujet et seront dans le viseur", s'est-il insurgé.
"On a déjà vécu ça avec le sujet des taxes sur les véhicules électriques chinois, la conséquence c'est un quasi-arrêt des expéditions de Cognac en Chine". Et un manque à gagner de 700 millions d'euros pour la profession, avec donc les entreprises de cognac et d'armagnac en première ligne.