Plus de 600 bitcoins sont mis en vente aux enchères par la maison Kapandji Morhange. 1:34
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Pour la première fois en France, des bitcoins sont proposés lors d'une vente aux enchères publique. Il s'agit de cryptomonnaies saisies par la justice parmi des biens de criminels. Au prix du marché, le montant total des 611 bitcoins dépasse les 28 millions d'euros. Un pactole qui sera reversé dans les caisses de l'État.
DÉCRYPTAGE

C’est une première en France : une vente aux enchères de bitcoins a lieu mercredi, à partir de 9 heures sur le site Interenchères. Des cryptomonnaies saisies par la justice dans les poches de criminels et qu'un juge a confié à l'Agrasc, l'Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués. D'ordinaire, elle s'occupe plutôt de vêtements, de bijoux ou de voitures de luxe. Mais la criminalité évolue et ses possessions aussi. En tout, 611 bitcoins sont proposés lors de cette vente aux enchères publique, organisée par l'étude Kapandji-Morange, avec, à la clé, un joli pactole pour l'État.

La vente aux enchères se déroule en deux temps. Le matin, 437 lots de 0,11 à 2 bitcoins seront à prendre, puis 41 lots de 5 à 20 bitcoins l'après-midi. Le prix initial des bitcoins mis en vente sera fixé au dernier moment mais pour le premier lot, il sera "entre 50 et 60% du cours du bitcoin mercredi matin", selon Ghislaine Kapandji, la commissaire-priseur. "J'ai voulu que cette vente puisse intéresser tout le monde, du particulier qui souhaite acquérir un petit morceau de bitcoin à l'investisseur capable de débourser des sommes importantes pour des lots de plusieurs bitcoins." C'est une première en France, mais pas dans le monde : il y en a aux États-Unis depuis 2014.

Suspense sur le résultat des enchères

Au cours du marché, les 611 bitcoins valent plus de 28 millions d'euros (46.000 euros l'unité mercredi matin). Un montant théorique qui pourrait être atteint si les enchères s'emballent. "Le prix du bitcoin évolue chaque minute. Je suis sûre que la valeur d'échange va évoluer au cours de la vente. On s'adaptera en fonction du cours mais aussi de l'intérêt des acheteurs. Si on voit que les enchérisseurs s'arrêtent à 80% de la valeur d'échange, on restera à des mises à prix bien inférieures à la valeur d'échange, pour que les enchères fonctionnent. Mais si, au bout de quelques lots, on atteint 100% du cours du bitcoin, on fera monter les mises à prix", assure Ghislaine Kapandji.

La particularité de cette vente a aussi demandé une organisation adaptée. "Étant donné la valeur des lots, nous avons demandé un dépôt de garantie pour les enchérisseurs et l'obligation de fournir un certain nombre de renseignements", explique. Pour le règlement, les cryptomonnaies sont stockées dans des coffres-forts numériques. "Après la vente, nous allons transférer les bitcoins sur les comptes des acheteurs", précise Ghislaine Kapandji. Et cette première vente aux enchères en appelle d’autres. À l’avenir, l’Agrasc s’attend à récupérer de plus en plus de bitcoins dans les poches des criminels…