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En un an, le cours du bitcoin a été multiplié par six pour atteindre 57.000 dollars l'unité. Un envol spectaculaire qui s'accompagne d'une crédibilité nouvelle apportée par des investisseurs célèbres, comme Elon Musk. Derrière, de plus en plus d'amateurs achètent, par petites touches, des fragments de bitcoin en quête d'un placement rentable.
DÉCRYPTAGE

Une fois encore, le bitcoin affole les marchés financiers. La plus connue des cryptomonnaies bat record sur record et dimanche, un bitcoin valait 57.000 dollars, six fois plus qu'il y a un an. Les quelques 18 millions de bitcoin en circulation sont désormais valorisés, au total, à 1.000 milliards de dollars. Sous l'impulsion, entre autres, d'Elon Musk et de son entreprise Tesla qui ont massivement investi dans les cryptomonnaies, le marché s'envole et attire de plus en plus d'amateurs. Des "monsieur et madame tout-le-monde" qui voient dans le bitcoin un placement potentiellement très rentable.

Origine mystérieuse et protocole révolutionnaire

L'engouement actuel pour le bitcoin, qui rappelle, à plus grande échelle, le premier boom de 2017, est le symbole de la crédibilité acquise par cette cryptomonnaie, longtemps regardée de haut par les marchés financiers. Il faut dire que cette monnaie virtuelle a traîné pendant des années une réputation sulfureuse liée, notamment, à la légende qui entoure sa création. En effet, personne ne sait qui a inventé le bitcoin. La paternité est attribuée à un Japonais, Satoshi Nakamoto, qui l’aurait créé en 2009. Mais personne n’a jamais trouvé trace de cette personne ou du collectif qui serait derrière.

En revanche, le bitcoin a toujours intéressé les spécialistes pour la blockchain, le protocole technique très poussé qui le supporte. Chaque unité est créée par des ordinateurs qui tournent 24 heures sur 24 en résolvant des équations. Ce procédé de création, le minage, est très gourmand en électricité. On estime que les transactions de bitcoin consomment plus d’énergie que des pays comme les Pays-Bas ou l’Argentine. Côté investisseurs, c'est aussi très verrouillé : on ne peut acheter des bitcoins que sur des plateformes spécialisées et le prix fluctue uniquement selon la loi de l’offre et la demande.

Les bitcoins sont fabriqués dans des "fermes" où des milliers d'ordinateurs tournent à plein régime.

© Lars Hagberg / AFP

Des investisseurs parfois très jeunes

Avec les investissements de grandes banques et entreprises ainsi que le lobbying intensif d'Elon Musk, le bitcoin paraît aujourd'hui beaucoup plus "propre" que par le passé. Résultat, il attire beaucoup d’amateurs et de curieux. Des gens pas forcément habitués à miser sur les marchés financiers mais intrigués par le boom et la liberté qui entoure les cryptomonnaies. "Plus le bitcoin grimpe, plus on a de nouveaux acheteurs", explique à Europe 1 Manuel Valente, directeur Analyses et Recherche de Coinhouse, l’une des principales plateformes françaises d’échange de crypto-monnaies.

Ces primo-entrants sur le marché du bitcoin sont principalement des jeunes qui y voient une alternative aux banques et au traditionnel Livret A, comme Vincent, étudiant en informatique. "Je me suis intéressé au bitcoin sur les réseaux sociaux il y a six mois et je me suis lancé en novembre. J'ai commencé à investir avec 800 euros et, depuis, je mets 100 à 180 euros par mois", raconte à Europe 1 le jeune homme de 18 ans. "Quand je fais un petit boulot, je mets 30% de côté, pareil quand je reçois de l'argent à Noël. J'ai du bitcoin et d'autres cryptomonnaies comme l'Ethereum et le XRP."

Un placement financier comme un autre

"On voit arriver beaucoup de personnes âgées de moins de 20 ans mais on a aussi des retraités", nuance Manuel Valente. De fait, investir dans le bitcoin est devenu très simple et très accessible. Pas besoin d'être geek, un simple téléphone et une application suffisent. "Qu'ils soient jeunes ou vieux, le point commun à tous ces nouveaux acheteurs, c'est que ce sont en très grande majorité des hommes", précise Manuel Valente.

 

S'ils ne cherchent pas tous à devenir millionnaires, les nouveaux mordus du bitcoin sont tout de même à la recherche d'un placement profitable. "95% des gens qui passent par notre plateforme achètent des cryptomonnaies dans une logique d'investissement et de constitution d'une épargne", souligne Manuel Valente. Chez Coinhouse, le montant minimum d'une transaction est de 50 euros (soit un millième de bitcoin). La plupart des investisseurs s'en tiennent donc à des sommes modestes qui, logiquement, ne génèrent pas des profits astronomiques. Vincent, notre étudiant en informatique, a ainsi gagné une centaine d'euros en quatre mois.

Le bitcoin, investissement chronophage

En 2021, on achète donc du bitcoin comme on ouvrirait un PEL. Un placement qu'il faut tout de même surveiller comme le lait sur le feu pour qu'il reste rentable. "Je me suis fixé une routine. Tous les matins, je fais le tour de l'actualité des cryptomonnaies pendant une heure. Je regarde régulièrement les cours pour voir comment ils évoluent. Et puis j'échange des bons plans avec d'autres investisseurs sur des forums spécialisés. Au total, je dois y passer pas loin de trois heures par jour", confie Vincent.

Investir dans le bitcoin peut donc se révéler chronophage. Car si le cours s'envole depuis quelques semaines, il peut redescendre très vite, comme en 2018 : en un an, sa valeur avait été divisée par cinq. Sur les marchés financiers, on a coutume de dire que les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel. Mais personne ne sait où se situe le ciel aujourd’hui. Cette incertitude fait que, même à plus de 50.000 dollars le bitcoin, il n'est pas forcément trop tard pour investir. "Il y a une très forte volatilité, il faut simplement être extrêmement prudent", rappelle l'économiste Christopher Dembik.

Avec le bitcoin, il faut savoir raison garder

"On conseille vraiment aux gens d'avoir une approche sur le moyen ou long terme. Il ne faut pas regarder les cours en permanence et paniquer dès qu'il y a une forte baisse. C'est sur le long terme que les cryptomonnaies deviennent rentables", appuie Manuel Valente. Pour tenter d'apporter de la sérénité à ce marché un peu fou, Coinhouse propose ainsi à ses clients des services calqués sur ceux d'une banque traditionnelle, par exemple la possibilité d'échanger avec un conseiller par téléphone pour gérer son portefeuille.

Raison supplémentaire de garder ses bitcoins quelques temps : c'est un actif qui ne sert pas à grand-chose. La promesse initiale de pouvoir faire son shopping en bitcoin peine à se concrétiser. Sur Internet, on peut s’en servir avec PayPal mais c'est à peu près tout. Certaines entreprises, comme Uber, Tesla et Visa, réfléchissent, elles, à l’intégrer prochainement dans leurs moyens de paiement. Quant aux magasins physiques, en France, ils ne sont qu'une poignée ici et là à accepter les cryptomonnaies.