Loi Alimentation : vers une hausse des prix pour mieux rémunérer les agriculteurs ?

Le Premier ministre reçoit les représentants de la grande distribution et des syndicats d'agriculteurs.
Le Premier ministre reçoit les représentants de la grande distribution et des syndicats d'agriculteurs. © BERTRAND GUAY / AFP
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François Geffrier, édité par Ugo Pascolo
Le Premier ministre reçoit vendredi les représentants de la grande distribution pour évoquer notamment le seuil de revente à perte, une mesure de la loi alimentation qui doit obliger les commerçants à vendre plus chers certains produits, pour mieux rémunérer les agriculteurs par la suite. Mais l'idée fait débat. 

Va-t-on payer notre chariot de courses nettement plus cher dans quelques mois ? C'est une des questions à laquelle doivent répondre, ce vendredi matin, Edouard Philippe et les représentants de la grande distribution comme Leclerc, Carrefour, Casino, Intermarché ou Auchan.

Une mesure qui soulève les passions. Au programme ce cette réunion qui se tient à Matignon, la loi Agriculture et Alimentation qui doit être définitivement adoptée dans quelques jours au Parlement, mais surtout la mesure qui fait débat : le seuil de revente à perte, qui doit obliger tous les commerçants à nous vendre les produits alimentaires 10% plus cher qu’ils les ont achetés. Une mesure qui doit au bout du compte mieux rémunérer les agriculteurs. Cette proposition a trouvé son Némésis en la personne de Michel-Édouard Leclerc, patron des supermarchés du même nom, qui a fustigé au micro d'Europe 1 une mesure dont il "ne voit pas en quoi elle sert la cause agricole".

Payer plus certains produits pour mieux rémunérer les agriculteurs. "Michel-Édouard Leclerc, c'est de la communication depuis 30 ans en étranglant toute la filière alimentaire, je trouve ça d’une hypocrisie totale !", lui rétorque Jean-Baptiste Moreau, de la République en marche, rapporteur du projet de loi et lui-même éleveur de vaches limousines. "La grande distribution prend sur les produits agricoles entre 35 et 55 % de marge pour rattraper le peu qu’ils prennent sur d’autres produits, comme la pâte à tartiner, où là ils vont prendre zéro, voire 1 ou 2%. Donc on les oblige à prendre 10% minimum sur ces produits pour qu’ils relâchent la pression qu’ils exercent de façon inconsidérée sur l’ensemble de la production agricole depuis des années", détaille-t-il.

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Pas de garde-fou. En théorie, on devrait donc payer un peu plus cher des produits comme le Nutella, le Coca-Cola ou l'Evian, mais un peu moins cher le lait, les œufs ou la viande, tout en rémunérant mieux les paysans. Sauf que rien ne garantit que ça va fonctionner aussi bien. Les syndicats d’agriculteurs, qui vont également être reçus par le Premier ministre, défendent cette mesure mais ils voudraient que des sanctions soient prévues si les résultats ne sont pas au rendez-vous.