Les restaurateurs lancent un cri d'alarme au gouvernement. 4:01
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Séverine Mermilliod , modifié à
L'ancienne lauréate de Top Chef et aujourd'hui doublement étoilée Stéphanie Le Quellec, signataire d'une tribune d'une vingtaine de restaurateurs dans le JDD appelant les pouvoirs publics à l'aide, était l'invitée d'Europe 1 dimanche. Elle a alerté sur le "danger" que courent les établissements, face à l'absence d'efforts selon elle des assureurs et des bailleurs.
INTERVIEW

En plein confinement, l'ancienne lauréate de Top Chef Stéphanie Le Quellec a ouvert MAM dimanche dernier à Paris, une enseigne de cuisine à emporter ou en livraison, tandis que son restaurant La Scène reste désespérément fermé. Sur Europe 1 dimanche, elle a rappelé que les restaurateurs et producteurs vivent une période très difficile et a interpellé les pouvoirs publics sur la nécessiter d'aider le secteur, car leurs "maisons sont en danger". La cheffe doublement étoilée a même signé une tribune en ce sens avec une vingtaine de confrères dans le JDD. 

"On ne peut plus perdre d'argent"

"On souhaite interpeller une nouvelle fois le Président, le gouvernement et les pouvoirs publics, pour dire que nous sommes à bout de souffle aujourd'hui, à l’arrêt complet, les derniers à rouvrir et à pouvoir redémarrer; et qu'au delà de nous il y a toute une filière, des éleveurs, agriculteurs, toute une filière qui souffre et qui est au bord du gouffre", a déploré Stéphanie Le Quellec. "On respecte les mesures prises, cependant on ne peut pas nous laisser porter seuls le poids de l’absence des assurances et d’efforts de la plupart de nos bailleurs", a-t-elle demandé au gouvernement.

La cheffe ne dénonce pas la fermeture des établissements, disant comprendre "qu’il faut participer à l’effort collectif", mais elle demande une aide financière plus large que celle qui existe actuellement. "Il faut nous aider sur nos frais, prendre en charge l’intégralité de nos frais fixes. On ne peut plus perdre d’argent, et nos maisons sont en danger !", a-t-elle martelé. 

Prenant son propre exemple, la cheffe a assuré qu'elle n'a jamais été éligible au fond de solidarité mis en place par le gouvernement. "Je n’ai rien touché du tout depuis le 14 mars. Il y a des effets d’annonces, et quand les ordonnances sortent, on se rend compte qu’il y a des facteurs d’exclusion, qu'il faut être moins de 10 salariés, puis moins de 20... On n’est jamais éligibles à rien à ce jour!", a-t-elle déploré. 

Un effort de la part des assureurs et bailleurs

Elle a aussi regretté que les assureurs "brillent par leur absence, que ce soit sur les exclusions de pandémie, d’épidémie, que ça se joue à une virgule près sur le contrat" alors même que les restaurateurs dit-elle payent "des polices d’assurance une fortune sur nos pertes d’exploitation".

De même pour les bailleurs : Stéphanie Le Quelle a assuré n'avoir eu "aucun effort" de la part de son bailleur, et avoir dû continuer à payer l'intégralité de son loyer de restaurant, la Scène, pourtant fermé, depuis le début. Malgré le lancement d'une offre en "click and collect" dès le mois de mai, elle assure que c'est totalement insuffisant à terme : "ça marche, mais ce n'est pas la vocation de nos établissements : c'est écoper à la petite cuiller, ce n’est pas une solution pérenne !" 

La cheffe étoilée a finalement rappelé que derrière un restaurant, c'est tout une filière qui souffre. "Pour les éleveurs, c'est catastrophique", a-t-elle souligné, rappelant que certaines professions "vivent sur une saisonnalité de produits, et ont besoin" d'eux pour survivre. "Mon restaurant est à l’arrêt complet : cela veut dire avancer 24 salaires, ça veut dire 24 familles, et des soldes de congés payés qui continuent de courir..." Si elle affirme que les restaurateurs sont prêts à "ne plus gagner" leur vie, à "ne plus avoir de salaire parce qu'on ne se paye pas non plus", elle demande au gouvernement la prise en compte des ces réalités.