La France a connu plus de fermetures que de créations d’usines en 2020

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Nicolas Barré , modifié à
Selon l’étude annuelle du cabinet Trendeo, que notre éditorialiste économique Nicolas Barré révèle en exclusivité mardi, l’industrie français a connu pour la première fois depuis trois ans un plus grand nombre de fermeture d’usine que de créations en 2020. Mais des raisons d’être optimiste demeurent.

La crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus s’est muée depuis de longs mois maintenant en crise économique. Et elle a forcément un impact majeur sur l’industrie française. Et pour la première fois depuis trois ans, il y a eu l’an dernier plus de fermetures que de créations d’usines. Selon le cabinet d’études Trendeo qui publie tous les ans le solde des créations et des fermetures d’usines dans l’hexagone, une étude que note éditorialiste économique Nicolas Barré révèle en exclusivité mardi, la France a perdu 22 usines en 2020.

Vu l’ampleur du choc économique, on peut se dire que les dégâts auraient pu être encore plus importants et c’est sans doute ce qu’il faut retenir : l’an dernier, près de 15.000 emplois ont été supprimés dans l’industrie. Mais en 2009, dans la foulée de la crise financière, et alors que la récession avait été nettement moins forte, notre industrie avait perdu à l’époque trois fois plus d’emplois. Cela veut dire que, quelque part, l’industrie a su encaisser le choc.

Des secteurs d'activité inégalement touchés

Ce qui caractérise cette crise du Covid, c’est notamment qu’elle frappe très inégalement les secteurs d’activité, à la différence d’une récession plus classique. L’aéronautique, par exemple, a été beaucoup plus touchée que la plupart des autres secteurs, avec des pertes d’emplois par milliers chez Airbus, Daher, Akka Technologies et d’autres. A l’inverse, l’industrie agroalimentaire, l’emballage, l’électronique ont été tirés vers le haut.

Ce qui a permis aussi à l’industrie de tenir, ce sont bien sûr les aides publiques et notamment l’évolution de la doctrine de Bruxelles : le plafond des aides directes à une entreprise est passé de 200.000 à 800.000 euros. Du coup, le cabinet Trendeo note une multiplication des projets à 800.00 euros dans les PME, 221 l’an dernier. Y compris des projets de relocalisation.

Pour relocaliser, il faut alléger les démarches

Mais en matière de relocalisation justement, de gros efforts restent à fournir. Il manque d’abord des sites prêts à accueillir une activité industrielle, surtout lorsqu’il s’agit d’une activité importante : il faut des terrains pour lesquels il y a déjà eu une étude de la faune et de la flore de réalisée, sinon vous en avez pour des mois, voire des années. Ensuite, même si nous nous sommes (un peu) améliorés, les procédures administratives et les enquêtes publiques sont plus longues et tatillonnes en France qu’ailleurs. Et les recours sont plus fréquents, ce qui allonge encore les délais et donc les coûts des investissements.

Il faut enfin vaincre les réticences locales : les Français sont pour l’industrie, mais pas près de chez eux. Alors même que l’industrie aujourd’hui est soumise à de telles normes qu’elle crée infiniment moins de nuisances qu’il y a 20 ou 30 ans. Si nous voulons vraiment enrayer la désindustrialisation et relocaliser certaines productions en France, il va falloir faire un grand ménage dans ces contraintes administratives. Sinon, le monde industriel avancera sans nous.