De plus en plus de salariés sont invités par leur entreprise à travailler chez eux, pour limiter les contaminations au coronavirus. 1:20
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Olivier Samain Et Arthur Helmbacher, édité par Romain David , modifié à
Face au coronavirus, de plus en plus de bureaux sont délaissés au profit du télétravail. Alors que la France pourrait passer d'un jour à l’autre au stade 3 de l'épidémie, les grandes entreprises se préparent à un déploiement inédit de ce dispositif, déjà testé pendant les grèves de décembre. 

Il n'y a pas que les hôpitaux et l'appareil d'Etat qui se préparent pour le stade 3 de l'épidémie de coronavirus. Les grandes entreprises, elles aussi, s'organisent dans cette perspective. La piste la plus explorée est le recours massif au télétravail. C’est du moins la solution à laquelle se préparent EDF, PSA, les banques et les compagnies d'assurances que nous avons interrogées.

Avec, chez plusieurs employeurs, un clin d’œil amusé à la mobilisation contre la réforme des retraites : "Merci aux grèves du mois de décembre ! Elles nous ont permis de vérifier en situation que le télétravail n'altère pas nos performances. On peut donc remettre ça, et même, face à la crise du coronavirus, passer à une plus grande échelle", explique l’un d’eux.

Noémie, par exemple, travaille dans un groupe immobilier à Paris. Mercredi, à la demande de la DRH, l’ensemble des salariés, soit 1.000 personnes au total, ont été priées de rester à la maison pour tester le dispositif le temps d'une journée. "On va tester la connexion à distance pour avoir accès au réseau et aux documents avec lesquelles on travaille tous les jours. Il faut également vérifier que les réunions à distance fonctionnent. Il ne s’agit pas de s’arrêter de travailler !"

Le télétravail déployé à grande échelle n'est donc plus un défi humain, mais un défi technique. Les "tuyaux" doivent être suffisamment calibrés pour faire passer les millions de données que les salariés vont envoyer de chez eux.

Des mesures d'encadrement strictes là où le télétravail n’est pas possible

Dans les entreprises où le télétravail n’est pas applicable, les mesures d’encadrement se multiplient. Ainsi, dans l’usine PSA de Sochaux, la plus importante du groupe, les salariés travaillent désormais au rythme des mesures de précaution prises par la direction. À la cantine, une chaise sur deux a été retirée pour faire de l’espace entre les salariés. Leur température est prise à l’entrée de l’usine et un tract spécial invite les 8.000 personnes qui travaillent sur le site à se responsabiliser, et respecter des règles essentielles d’hygiène. "Il y a deux jours, j’ai croisé mon chef, j’ai voulu lui dire bonjour. Il m'a dit : 'la prochaine fois que tu fais ça, je te mets une sanction'", rapporte un ouvrier.

"On nous a donné un rouleau d’essuie-tout et un spray d’eau de javel. Chaque opérateur nettoie son outillage, pour enlever le virus si la personne d’avant est contaminée", explique un autre salarié. "Si une épidémie se déclare dans l’usine, cela peut jouer financièrement sur le groupe". Enfin, toutes les visites de personnes extérieures au site ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre.