«On est fliqués» : dans l'Aude, la colère des vignerons face aux normes et aux prix pratiqués par la grande distribution
Les vignerons du sud-ouest se mobilisent ce samedi près de Béziers pour dénoncer la hausse des prix de l'énergie, des charges, mais aussi des prix pratiqués par les grandes surfaces. Dans l'Aude, la production de vin dégringole depuis cinq ans.
Journée de mobilisation pour les vignerons. Ce samedi après-midi, ils pourraient être plusieurs milliers à se rassembler près de Béziers, pour montrer leur colère face à la hausse des charges, la course au prix bas ou encore les nombreuses contraintes administratives. Car la colère est grande dans les rangs de la profession, l'inquiétude aussi.
"On frôle 30% d'augmentation sur le gasoil, les engrais, l'électricité"
Dans l'Aude, la production de vin a été divisée par deux en cinq ans. Et le mégafeux qu'a connu le département cet été, n'a pas aidé à la reprise de l'activité. Damien Honoré préside l'une des plus grandes caves coopératives du département. S'il sera présent aujourd'hui à Béziers, c'est pour protester contre des normes de plus en plus contraignantes. "On vient surveiller sur nos exploitations, ce qu'on utilise comme produits, les doses, les factures. On est fliqués, clairement, on nous emmerde", insiste-t-il au micro d'Europe 1.
"Nous, on s'est pliés à toutes ces exigences", poursuit-il, tout cela dans une conjoncture très délicate. "En l'espace de deux ans, on frôle pratiquement 30% d'augmentation sur le gasoil, les engrais, l'électricité. Donc sur deux ans, on a une augmentation qu'on n'arrive pas à répercuter sur le prix de vente, puisque les prix de vente des grandes distributions sont toujours les mêmes depuis 15 ans", explique Damien Honoré.
"Ma cuvée la plus basique, je la vends 11 euros"
Conséquence, les petits exploitants comme Sylvie, ont tourné le dos à la grande distribution. Mais même en appliquant cette stratégie, la situation reste délicate. "Ma cuvée la plus basique, ici au caveau, je la vends 11 euros. Et aux professionnels type cavistes, restaurants, je la vends à 5,50 euros. Et effectivement, en grande surface, comme ils achètent en grosse quantité, ils ont la bouteille pour encore moins cher", souligne-t-elle.
Ces vignerons français le reconnaissent : ils ne peuvent plus vivre de leurs produits. D'autant qu'ils n'ont pas le droit d'en faire la publicité à la télévision. Sortir notre vin de la loi Evin sera donc aussi l'une des revendications ce samedi.