Carburants : comment le gouvernement entend aider les automobilistes

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Sur Europe 1, Emmanuel Macron a confirmé vouloir mettre en place une aide pour les automobilistes confrontés à la hausse du prix de l’essence. Il devrait s’inspirer de l’expérience des Hauts-de-France.

Emmanuel Macron n’est pas resté sourd à la colère des automobilistes. Alors que la grogne causée par l’envol des prix des carburants à la pompe prend de l'ampleur et que se profile la journée de blocage du 17 novembre, le président a annoncé mardi, en exclusivité sur Europe 1, sa volonté de donner un coup de pouce à "ceux qui, tous les jours, prennent la voiture pour aller travailler". Emmanuel Macron devrait ainsi s’inspirer de l’aide au transport mise en place dans les Hauts-de-France. Mais il pourrait aussi améliorer des dispositifs nationaux déjà existants.

Comment fonctionne l’aide des Hauts-de-France ?

La région des Hauts-de-France a mis en place une aide au transport pour les particuliers de 20 euros par mois. Pour la percevoir, il faut remplir plusieurs critères. Il faut d’abord habiter à plus de 30 kilomètres de son lieu de travail et ne pas avoir d'autres choix que de prendre la voiture. Ensuite, il faut être en CDI ou en CDD de plus d'un an ou bien être employé avec le statut d’apprenti. Enfin, il y a des conditions de ressources : pour bénéficier de l’aide, il faut gagner moins de deux fois le Smic, soit moins de 2.347,20 euros nets par mois.

Si cette aide de 20 euros est aujourd’hui vantée par le président de la région Xavier Bertrand, elle reste maigre pour certains des 43.000 bénéficiaires. C’est notamment le cas de Viviane, habitante de la région de Noyon qui parcourt tous les jours 70 kilomètres aller-retour pour travailler dans un lycée comme agent d’entretien, un emploi qui lui permet de gagner 1.400 euros par mois. "Ça m’aide un petit peu parce qu’il me faut deux pleins, voire deux pleins et demi par mois", raconte-t-elle à Europe 1, avant de tempérer. "Un plein complet me coûte maintenant presque 76 euros. Ce que je touche, c’est peu par rapport à ce que je dépense. C’est toujours un début mais on voudrait avoir encore un peu plus…"

Existe-t-il d’autres aides de ce type ?

L’aide mise en place dans les Hauts-de-France est la première expérimentation de ce type. Toutefois, il existe déjà, à l’échelle nationale, des dispositifs facultatifs d’indemnisation pour les salariés. Le plus connu est l’indemnité kilométrique, qui permet aux salariés de faire passer en frais professionnels les dépenses engagées dans le cadre de l’utilisation de son véhicule personnel pour le trajet domicile-travail. Si la personne est contrainte à ce choix par l’absence de solutions de transports en commun, l’indemnité est exempte de cotisations. Cette indemnité doit faire l’objet d’un accord au sein de l’entreprise.

Autre option à disposition des entreprises et des salariés : le versement d’une prime transport de 200 euros. Cette aide, qui doit là aussi être prévue dans le cadre d’un accord collectif, permet de compenser, dans la limite de 200 euros par an, les frais de carburant (ou d’alimentation des véhicules électriques) engagés pour le trajet domicile-travail. Quand elle existe, la prime concerne uniquement les salariés qui habitent en dehors de l’Île-de-France, sont éloignés des transports urbains ou sont forcés d’utiliser leur véhicule personnel à cause de leurs horaires de travail.

Que veut faire le gouvernement ?

Sensible à la colère des automobilistes, l’exécutif pourrait consentir à un geste envers les moins aisés. Invité exceptionnel d’Europe 1 mardi matin, Emmanuel Macron a expliqué vouloir s’inspirer de ce qu’a mis en place la région Hauts-de-France. "C’est une bonne philosophie, et d’ailleurs le gouvernement l’a accompagnée parce que cette aide sera défiscalisée", a rappelé le président de la République. "Je souhaite qu’on généralise tout cela [sur l'ensemble du territoire]. Il faut qu’on soit dans un mode d’indemnités kilométriques. Il faut travailler avec les collectivités locales, les employeurs, intelligemment pour aider ces gens-là", a-t-il ajouté.

Plusieurs pistes sur la table. À Matignon, on confirme réfléchir à la manière de mettre en place une aide financière pour les automobilistes. L'idée, nous dit-on, est de s'aligner sur ce que font déjà certains acteurs  comme les régions ou même les employeurs. Le montant de cette aide pourrait varier en fonction des régions et des profils des automobilistes. "Les arbitrages sont en cours", nous indique Matignon. Une réunion interministérielle s’est tenue lundi à ce sujet, sans aboutir à une solution concrète.

Le gouvernement indique cependant travailler plus spécifiquement sur les personnes qui travaillent loin de chez elle et qui doivent prendre la route tous les jours. Ne seraient donc concernés que les salariés. Le financement serait probablement pris en charge par les régions et les entreprises. En revanche, l’État défiscaliserait cette aide, ce qui n’alourdirait pas les impôts des bénéficiaires. Enfin, le gouvernement réfléchit à faciliter la prise en charge des frais d’essence par les entreprises pour les inciter à établir des dispositifs d’indemnité kilométrique ou de prime.

 

 

 

Les Républicains poussent leur contre-proposition

Alors que la colère des automobilistes prend de l'ampleur et que se profile la journée de blocage du 17 novembre, Les Républicains ont décidé de peser sur le débat. Dans un tract diffusé sur les marchés à partir de ce week-end, le parti milite pour la création d'un "ticket-carburant mensuel", "sur le modèle des tickets-restaurant", versé à chaque salarié, "sans impôts et sans charges". Une proposition déjà formulée par les députés Damien Abad et Guillaume Peltier. Dimanche, sur Europe 1, ce-dernier avait évoqué un montant de "100 euros". "Ce chèque-carburant s'adresse d'abord aux 13 millions de Français qui vivent dans la France des provinces et n'ont pas la chance de disposer d'un réseau de transports en commun", avait expliqué le député LR du Loir-et-Cher.