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Juline Garnier , modifié à
Au micro de Thierry Dagiral, François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), décortique les programmes économiques des deux candidats au second tour de l'élection présidentielle. Avec la crise du Covid puis la guerre en Ukraine, il attend d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen des propositions crédibles pour les entreprises.
INTERVIEW

Alors que la France est plongée en plein dans l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen multiplient les propositions pour améliorer le pouvoir d'achat des Français et draguent les patrons des petites et moyennes entreprises. En proie à deux crises presque consécutives, celle du Covid et celle de la guerre en Ukraine, celles-ci attendent des mesures fortes pour préserver l'économie française.

"Il faut choyer les petites et moyennes entreprises"

"Je veux revivifier l'esprit d'entreprise, réhabiliter la valeur travail et réconcilier le travail et le capital par la participation", assurait début mars Marine Le Pen devant la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) qu'elle ferait tout pour les entreprises. Mais François Asselin, président de la CPME, se méfie des belles promesses.

"Vous savez, les PME et les TPE, c'est pratiquement 1.900.000 entreprises qui maillent le territoire. Vous avez 1.500 grandes entreprises, donc autant vous dire bien évidemment que c'est 99% du nombre d'entreprises qui font l'économie française. Il faut donc les choyer et Marine Le Pen ne s'y est pas trompée. Elle fait effectivement beaucoup de déclarations d'amour vis-à-vis des PME, des TPE, mais nous sommes avant tout des pragmatiques. C'est-à-dire qu'au delà de la déclaration d'amour, il faut avoir un programme crédible", confie-t-il au micro d'Europe 1.

Se débarrasser des impôts "absurdes"

La candidate RN souhaite supprimer les cotisations foncières des entreprises et veut aider et encourager les jeunes à créer leur entreprise, une bonne chose pour François Asselin.

"Elle a raison parce que ce sont des impôts absurdes. C'est-à-dire que quel que soit le résultat, même si vous ne gagnez pas d'argent, vous payez avant de savoir si vous allez gagner de l'argent. Emmanuel Macron veut s'attaquer aussi aux impôts de production. Donc, on a sur le champ économique finalement deux programmes qui sont assez similaires", analyse le patron d'entreprise.

Un équilibre très fragile

Pour le président de la CPME, les entreprises françaises sont aujourd'hui dans un équilibre fragile car elles se sont beaucoup endettées avec la crise du Covid. Même si elles ont bénéficié des prêts garantis par l'État, il va falloir commencer à les rembourser. Certaines entreprises vont être mises en défaut par la Banque de France et voir leur activité complètement paralysée.

"Il faudra très rapidement après l'élection, et bien répondre, à cette attente et lever cette inquiétude", prévient-il. "Et puis on a avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie des coûts énergétiques qui sont exponentiels, comme tous les Français d'ailleurs, on paye le carburant à la même pompe que tous les Français. Vous avez des entreprises qui sont fortement dépendante de l'énergie et bien évidemment ça ébranle leur modèle économique", ajoute-t-il.

Trouver rapidement des solutions

Selon une enquête récente de la CPME, une majorité d'entreprises ne peut pas répercuter les augmentations du prix de l'énergie sur leurs prix de vente et rognent leurs marges.

"Ce qui veut dire qu'à moyen terme, ça peut remettre en doute l'équilibre financier de l'entreprise et l'équilibre du modèle économique", alerte François Asselin. Pour le patron, la priorité est de mettre en place des mesures spécifiques pour ces entreprises et d'accélérer les négociations avec les énergéticiens français.