Delphine Lopez est la réalisatrice de l'enquête sur l'affaire Bertrand Cantat diffusée dimanche sur M6. 5:29
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Philippe Vandel, édité par Tiffany Fillon
Ce week-end, la chaîne M6 se mobilise pour la lutte contre les violences conjugales, en diffusant notamment une enquête exclusive sur la mort de Marie Trintignant, décédée sous les coups de son compagnon, l'artiste Bertrand Cantat.
INTERVIEW

Dans le cadre d'une soirée spéciale consacrée aux violences conjugales, M6 diffuse dimanche, à 23h10, une enquête sur la mort de l'actrice Marie Trintignant à Vilnius, en Lituanie, sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat, chanteur et musicien connu pour son appartenance au groupe "Noir Désir".

Le documentaire revient sur le procès et ses suites mais aussi sur le suicide de Krisztina Rady, la précédente compagne de Bertrand Cantat. Delphine Lopez, la réalisatrice du documentaire diffusé l'émission Enquête Exclusive, dévoile des pièces et des interviews exclusives.

Dans des extraits du documentaire diffusés vendredi dans Culture-Média, sur Europe 1, on entend notamment Bertrand Cantat à Vilnius, dans les bureaux du Palais de justice, face à la juge. Il raconte la nuit tragique qui vient de s'écouler. Assis derrière un bureau, il est complètement hagard et mime ses gestes pendant qu'il giflait Marie Trintignant. "Je suis entré dans une colère noire et à partir de là, moi je lui ai mis des claques, pas des petites baffes", explique-t-il. "Je ne peux pas mentir, c'est des grandes baffes. J'avais des bagues à mes doigts. C'est parti comme ça. La vérité du moment, c'est ça", poursuit Bertrand Cantat, qui avoue avoir donné "quatre, cinq ou six" coups "fort fort".

Mais Delphine Lopez assure qu'elle parvient à montrer, grâce au rapport d'autopsie de Marie Trintignant, que Bertrand Cantat ment. "Ce rapport montre que Marie Trintignant a reçu une dizaine de coups sur le visage et sur le corps", décrit Delphine Lopez. "Elle a été victime du syndrome du bébé secoué : ses nerfs optiques ont été brisés et elle avait le nez écrasé", raconte la journaliste au micro de Philippe Vandel. 

"On s'aimait comme des fous"

Un autre document montre Bertrand Cantat, effondré, en larmes, après avoir réalisée que Marie Trintignant a succombé à ses blessures. "Chaque seconde, je lutte pour ne pas la rejoindre", s'écrit-il. "On s'aimait comme des fous. Je lui disais : 'On s'aime trop'. Elle me répondait toujours : 'Ça ne peut pas être trop'", raconte-t-il.

Bertrand Cantat aurait pu prendre quinze ans de prison mais, face à cette émotion, les jurés ont requis huit ans d'emprisonnement. "Et, il a été libéré à mi-peine", précise Delphine Lopez. 

Delphine Lopez avance également que l'ex-femme de Bertrand Cantat, Krisztina Rady, avait elle aussi reçu des coups. La journaliste a recueilli le témoignage des parents de Krisztina Rady, qui s'expriment pour la première fois. "On a mis du temps. Finalement, ils nous ont reçus dans leur maison secondaire au bord du lac Balaton (en Hongrie, ndlr). Le père n'a pas souhaité nous parler. C'est la mère qui s’exprime pour la première fois. Elle nous raconte une scène où Bertrand Cantat s'auto mutilait devant les enfants et faisait du chantage affectif vis-à-vis de Krisztina Rady pour qu'elle reste avec lui", raconte la journaliste.

Krisztina Rady et l'omerta 

Au procès, Krisztina Rady est pourtant venu témoigner en faveur de Bertrand Cantat. "Elle a toujours protégé Bertrand Cantat et ses enfants. Elle aurait demandé à son entourage, aux membres du groupe (Noir Désir, ndlr), y compris à sa famille de se taire sur d'éventuelles violences qu'elle aurait subies", développe Delphine Lopez. "C'est ce qu'elle raconte dans le message laissé sur son répondeur avant son suicide et adressé à ses parents. Elle parle de cartilage cassé. Elle a l'air d'être effrayée par cet homme".

Krisztina Rady s'est suicidée dans sa maison, alors que Bertrand Cantat dormait. Dans cette enquête, Delphine Lopez admet avoir "essayé de contacter Bertrand Cantat parce que l'on voulait avoir sa version". Mais il a refusé de lui répondre. Idem du côté des membres du groupe. "Certains m'ont répondu au téléphone et d'autres m'ont envoyé balader parce qu'ils n'ont plus envie", décrit Delphine Lopez, qui estime qu'une "omerta" s'est mise en place pour taire les violences de Bertrand Cantat.