Covid-19 : comment les galeries d'art se dotent d'un "nouveau public" grâce à la crise

Perrotin
Emmanuel Perrotin salue un nouveau public dans sa galerie. © Europe 1
  • Copié
Guilhem Dedoyard
Emmanuel Perrotin, propriétaire des galeries du même nom, est un défenseur de la démocratisation de ces lieux artistiques. Alors que les musées sont fermés, il salue l'émergence d'un nouveau public qui vient découvrir des œuvres, offrant au passage une belle visibilité aux exposants.

Les musées sont fermés mais les galeries d'art restent ouvertes. Et les propriétaires incitent ceux qui le peuvent à venir les visiter sans se sentir intimidés. Emmanuel Perrotin, propriétaire des galeries du même nom, fait part sur Europe 1 de sa satisfaction à recevoir ce "nouveau public" qui, grâce au Covid, vient découvrir les œuvres proposées. Le bouche-à-oreille que permettent les réseaux sociaux et l'effet d'entrainement que peut créer l'affluence offre une belle visibilité à ces lieux artistiques ainsi que, peut-être, de futurs profits. 

Une visibilité accrue grâce aux réseaux sociaux...

Comme l'explique Emmanuel Perrotin, ces nouveaux visiteurs sont moins tournés vers l'achat d'art et appréhendent les galeries comme ils pourraient le faire avec des musées. Peu habitués, ils sont même surpris de la gratuité de l'entrée. Cela leur donne une opportunité de "découvrir de plus jeunes artistes et, dans certaines galeries, des monuments de l'histoire de l'art". Et la foule se fait toujours plus nombreuse, avec 1.400 personnes samedi dernier à la galerie Perrotin par exemple. Pour son propriétaire, cet engouement s'explique par un "effet d'entrainement. Du fait que beaucoup de personnes viennent, les suivants sont moins intimidés". 

C'est notamment valable pour les jeunes, un public qui "n'existait pas" au début de la carrière d'Emmanuel Perrotin car ils se sentaient exclus. Selon le galeriste, "les réseaux sociaux font un gros travail" dans la popularité de ces lieux. En particulier Instagram car "les galeries sont, souvent, un support à image".

...pour un profit de long terme ?

Une tendance qui existait déjà mais a été renforcée par le Covid. Le virus "a accéléré ce mouvement parce que quand vous ne pouvez pas parler des expositions de musées, vous parlez de celles des galeries", explique Emmanuel Perrotin. Ces dernières ont un avantage, par rapport aux musées, car "vous ne savez pas ce que vous allez voir, ça peut être une aventure". 

L'intérêt de cette démocratisation pour les établissements est surtout d'obtenir plus de visibilité. "On n'y gagne pas financièrement", affirme le galeriste. En effet, selon lui "le grand public achète rarement". Mais toute exposition est bonne à prendre et comme il le reconnait, "certaines personnes peuvent se rendre compte que des artistes que nous représentons ne sont pas si inaccessibles". Le profit n'est donc pas immédiatement recherché, toutefois "si ça attire des nouveaux publics et qu'au sein de ces derniers il y a de futurs nouveaux acheteurs, ça va être très profitable à long terme", admet Emmanuel Perrotin.