Conditions de détention à Vendin-le-Vieil : «C'est l'apprentissage brutal de la frustration», souligne Frédéric Ploquin
Le journaliste Frédéric Ploquin, spécialiste du grand banditisme, partage son point de vue sur la situation à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) au micro de Dimitri Pavlenko, alors que plusieurs dizaines de détenus du quartier de haute sécurité ont annoncé mener une grève de la faim pour alerter sur leurs conditions de détention.
Depuis quelques jours, les actes de rébellion se multiplient à la prison de Vendin-le-Vieil. Après les inondations, les détenus ont décidé d'entamer une grève de la faim, pour dénoncer leurs conditions d'incarcération et notamment "le système des visites qui sert à casser psychologiquement détenus et familles", indique un communiqué signé "du super-cartel de Vendin".
Pour le journaliste d'investigation Frédéric Ploquin, spécialiste du crime organisé, cette stratégie était prévisible. Après le transfert de 88 détenus, considérés comme les plus dangereux, dans ce centre pénitentiaire de haute sécurité, il y avait deux possibilités : "soit ils vont s'entretuer, soit ils vont former une forme de cartel à la française", relate le journaliste. "Ils ont eu l'intelligence de jouer la solidarité plutôt que 'chacun dans son coin'", observe-t-il.
Des conditions "d'enfants gâtés"
Ces narcotrafiquants, qui ont entre 20 et 35 ans, n'ont jamais expérimenté des conditions carcérales aussi strictes, avant l'initiative de Gérald Darmanin, rappelle Frédéric Ploquin. "Ils ont grandi dans un univers carcéral relativement 'cool', où ils continuaient à faire la loi", explique-t-il, prenant l'exemple de Mohamed Amra qui, au moment de son évasion, avait dans sa cellule "une batterie de téléphone portable, sa chicha, etc".
"C'est l'apprentissage brutal de la frustration et c'est extrêmement compliqué pour eux, parce qu'ils ne l'ont pas connu précédemment", évoque-t-il. Alors que les détenus disposaient d'une grande liberté notamment dans les parloirs, le contact physique est désormais impossible, une vitre séparant désormais les criminels de leurs proches. "Donc, on passe de ces conditions un peu d'enfants gâtés de la prison, à tout d'un coup, on leur dit maintenant : 'On va vous punir mais vous allez être vraiment punis'", conclut-il.