Les restaurateurs ont de quoi faire grise mine. Plus d’une semaine après la réouverture des terrasses (et des restaurants complets en zone verte), l’activité peine à redémarrer. L’enthousiasme des premiers jours, après deux mois de confinement, a vite été refroidi par le mauvais temps. Autre explication : la crise économique et la flambée du chômage invitent de nombreux Français à la prudence. Si les patrons d’établissement peuvent difficilement lutter contre ces deux facteurs, pour le chef Philippe Etchebest, qui a déjà interpellé à plusieurs reprises Emmanuel Macron, un assouplissement des mesures sanitaires imposées apporterait un coup de pouce salvateur à la profession.
"S’il ne se passe rien, le montant des faillites va être colossal", alerte le célèbre juré de Top Chef au micro d’Europe 1. Il estime que 30% des entreprises de restauration que compte la France risquent de faire faillite dans les prochains mois, soit environ 225.000 emplois de perdus selon ses calculs. "Au total, l’Etat perdrait 11 milliards sur un an, et il s’agit d’un calcul optimiste de ce qui se passerait si le gouvernement et les assurances ne nous aident pas", avertit Philippe Etchebeste. Et l'heure est à l'urgence selon lui : "Je parle de faillite financière, mais il y aussi une faillite morale. On a vu des cas de suicides chez certains restaurateurs, c’est terrible !"
Renoncer à la distanciation sociale
Pour lui, les mesures sanitaire contre le Covid-19 n’encouragent pas les clients à franchir la porte des restaurants, et alimentent même une certaine phobie. "Il n’y a pas plus de danger à venir dans nos restaurants qu’à prendre le bus ou le métro", enjoint celui qui dirige la brasserie Le Quatrième Mur à Bordeaux. "Les mesures d’hygiènes, on sait les appliquer, on le fait depuis toujours. Elles sont plus draconiennes aujourd’hui, mais on sait faire !"
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Toutefois, une partie de ces dispositions, notamment la distance minimale d’un mètre entre deux clients, empêchent les restaurateurs de relancer à un seuil financièrement acceptable leur activité. Certains travaillent désormais à perte. "Il faudrait déconfiner plus vite les restaurants, tout en gardant des mesures restrictives d’hygiène, mais au-delà de la distanciation physique", explique Philippe Etchebest. "Les mesures restrictives sanitaires engendrent des coups et du personnel supplémentaire, le tout en travaillant deux fois moins qu’en temps normal. L’équation n’est pas possible", pointe-t-il.