Roland-Garros 2023 : Caroline Garcia, meilleur espoir tricolore en perte de confiance ?
À quelques jours du début du tableau principal de Roland-Garros, Caroline Garcia, meilleure espoir français de part sa cinquième place au classement WTA, traverse une période compliquée. À l'image de sa dernière conférence de presse, à Rome, où elle a fini en pleurs, la Française est fragilisée avant d'arrivée aux Internationaux de France.
Dans la peau de numéro 5 mondiale après sa renaissance en 2022, Caroline Garcia incarne le meilleur espoir tricolore à Roland-Garros , qui s'ouvre dimanche (jusqu'au 11 juin), mais la Française s'y présente mal dans ses baskets depuis plusieurs mois. Sa dernière conférence de presse terminée dans les pleurs il y a une dizaine de jours, après son élimination dès le troisième tour du tournoi de Rome par la 100e joueuse mondiale (6-4, 6-4 par Osorio), résume les tourments qui lui triturent le cerveau depuis des mois.
De ce trop-plein d'émotions, Garcia lâche que "ça fait pas mal de temps que c'est comme ça". "Parfois, c'est dur, souffle-t-elle avec la voix qui tremble. Je fais les efforts mais ça ne marche pas". Il y a le poids des attentes, mais pas seulement. "Ca m'affecte de faire ce que je fais sur le terrain, de ne pas bien faire en fait, tout simplement parce que je suis concernée par ce que je fais, que je fais les efforts, que j'ai l'impression de faire les choses bien, et que j'ai envie d'aller jusqu'au bout, explique la numéro 1 française. Sauf que quand j'arrive sur le court, tout ce que j'ai bien fait (à l'entraînement), je ne le fais plus…"
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"Cauchemar"
"Au bout d'un moment, j'aimerais savoir pourquoi, et au moins arriver à le contrôler et à changer ça. Mais non, ça m'enfonce de plus en plus, et au lieu de kiffer le moment sur le terrain, ça devient un cauchemar", se lamente-t-elle. Six mois plus tôt, l'avenir avait pourtant tout pour s'annoncer radieux pour la Lyonnaise de 29 ans. Son triomphe au Masters au Texas, parmi les huit meilleures joueuses de la saison, était venu couronner l'année de sa renaissance, qui avait pris forme au cours d'un été américain ébouriffant, avec un trophée à Cincinnati suivi d'une demi-finale à l'US Open, sa première en Grand Chelem.
À la clé au classement, un bond jusqu'à la quatrième place mondiale. Et la perspective alors tout à fait réaliste de rêver plus haut, tant elle aurait, au long de la première moitié de la saison 2023, peu de points marqués à la même période en 2022 à défendre. Hélas, les choses ne se sont pas passées comme espéré.
Après un début de saison moyen, depuis début février Garcia a perdu dès son premier ou son deuxième match dans six des huit tournois qu'elle a joués. Seules exceptions: une finale (perdue contre Vekic) à Monterrey (Mexique) et un huitième de finale à Indian Wells. Et après son entraîneur Bertrand Perret, parti soudainement juste avant le Masters (avant de revenir à ses côtés début avril), c'est sa kiné et préparatrice physique Laura Legoupil, l'autre personne clé de son renouveau, qui a fait beaucoup pour la remettre sur pied et lui reconstruire un physique paré pour le haut niveau, qui a brutalement dit stop fin mars.
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Trois victoires, trois défaites
Sur terre battue en 2023, Garcia affiche un triste bilan de trois victoires et trois défaites. À Madrid fin avril, sa nervosité l'a poussée à interpeller directement un supporter en lui lançant en plein match : "Tu veux prendre la raquette et venir jouer peut-être ?". À Rome, "je me suis coulée toute seule", regrettait-elle. "Depuis quelques semaines, et même depuis le début de l'année, j'ai des mauvais timings, je lis mal les trajectoires. Sûrement un problème de concentration, de lecture du jeu, j'ai du mal à l'expliquer. Il y a des phases comme ça où je fais la faute alors qu'il ne se passe rien, constatait-elle. Je fais des fautes qu'on peut mettre dans la catégorie bête."
À l'annonce de son retour sous la houlette de Perret quelques semaines plus tôt, Garcia, déjà, ne faisait pas mystère des difficultés qu'elle traversait quand elle évoquait auprès de L'Equipe "le brouhaha de (ses) pensées" et sa confiance "perdue". Dernièrement "je n'ai pas trop suivi les résultats des autres, je ne pouvais pas. Ça me mettait trop de pression, reconnaissait-elle. Depuis le début de l'année, je paniquais trop, je n'arrivais plus à réfléchir." Elles affleurent aussi régulièrement à travers ses messages postés sur les réseaux sociaux. Dans un des plus récents, agrémenté de photos prises à la plage et au restaurant, "j'avais besoin d'un peu de temps pour me ressourcer, corps et esprit", écrit-elle. C'est tout sourire que Garcia a foulé la terre parisienne mardi à son arrivée. Parviendra-t-elle à le garder ?