Football : la ruée des clubs étrangers vers les espoirs français

Les espoirs français sont recrutés de plus en plus jeunes.
Les espoirs français sont recrutés de plus en plus jeunes. © GABRIEL BOUYS / AFP
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Julien Pearce avec G.M.
Les clubs étrangers recrutent les espoirs français de plus en plus jeunes, quitte à s'arranger avec la légalité. Les clubs français semblent bien démunis.

Et si le prochain Mbappé, la future star de l'équipe de France de football n'était pas formé en France ? Le scénario est loin d'être une fiction. Et pour cause, les grands clubs de foot étrangers pillent les centres de formation français et font signer des joueurs de plus en jeunes, quitte à flirter avec la légalité. Certains d'entre eux ont entre 12 et 15 ans.

Des parades pour contourner la loi et recruter très jeune

Ce sont de tout jeunes adolescents que l'on voit par exemple lors des matches de l'équipe de France des moins de 16 ans et où les tribunes sont remplies de recruteurs venus des quatre coins de l'Europe. Les recruteurs anglais sont particulièrement présents, mais d'autres venus d'Espagne et d'Allemagne sont aussi là. Certains filment la rencontre, d'autres noircissent des pages de calepin sur la moindre passe ou le moindre dribble, décortiqués. "On se croirait au marché de Rungis", souffle Sofia, la mère d'un joueur de 15 ans qui refuse catégoriquement toutes les propositions. "On peut avoir des supers clubs, mais il faut voir concrètement ce qu'il se passe derrière. Si l'enfant va là-bas et ne s'épanouit pas, ça ne sert à rien", explique-t-elle. "Moi j'ai besoin d'être près de mon fils et de lui donner des valeurs, je n'arrive pas à me mettre dans la tête 'Oui, il peut gagner tant de millions'. On s'en fiche. Je n'aurais pas aimé qu'on me l'arrache, même pour des sommes exorbitantes".

Mais les principes de Sofia sont minoritaires chez les parents. Face aux ponts d'or qui leurs sont proposés, il leur est très difficile de ne pas succomber. Et même si faire signer un joueur de moins de 16 ans dans un club étranger est illégal, les recruteurs trouvent des solutions et contournent la règle. Ils proposent aux parents de venir avec leur enfant, de déménager à l'étranger, officiellement pour des raisons non liées au football. C'est la seule exception tolérée par la Fifa. Pour s'y conformer, les clubs maquillent donc ce déménagement en trouvant des emplois très bien payés aux parents chez des sponsors ou des entreprises amies. 

Les clubs français démunis

Le père d'un jeune joueur est ainsi devenu serveur en Angleterre, payé 19.000 euros par mois. Mais le système n'est pas sans danger. Le Real Madrid ou encore le FC Barcelone ont été lourdement sanctionnés pour l'avoir pratiqué à outrance. Mais les clubs ont trouvé une nouvelle parade. "Aujourd'hui, il y a un nouveau système qui consiste à passer des accords sous seing privé avec des jeunes joueurs et des familles dont personne n'entend parler et le jour de ses 16 ans c'est à ce moment-là que le contrat commence à s’exécuter", explique l'agent de joueur Jennifer Mendelewitsch.

Face à ces pratiques, les clubs français semblent bien démunis. A moins de proposer des salaires délirants à leurs jeunes les plus prometteurs, ils ne peuvent rien faire. Cet été l'Olympique de Marseille aurait convaincu son grand espoir Boubacar Kamara, 17 ans, de signer son premier contrat pro en échange de 30.000 euros mensuel et d'une prime d'un million. Des montants qui sont habituellement réservés à des joueurs bien plus confirmés.