Stade de la Meinau Strasbourg fans du Racing RCSA PATRICK HERTZOG / AFP 1:28
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Julien Ricotta et Axel May , modifié à
Depuis de nombreuses années, les fumigènes sont la source de vives tensions entre les supporters et les autorités. Deux députés, l’ancienne ministre des sports Marie-George Buffet et le LREM Sacha Houlié, plaident pour leur légalisation dans un rapport parlementaire.

Un tabou pourrait bien être levé dans le monde du football. L’utilisation des fumigènes, interdits mais allumés régulièrement dans les stades, oppose depuis des années les supporters et les autorités. Mais deux députés ont rédigé un rapport parlementaire qui pourrait bien changer spectaculairement la donne. L’ancienne ministre des Sports, Marie-George Buffet (PCF), et Sacha Houlié (LREM) plaident pour une légalisation des fumigènes et plus largement pour un assouplissement de la doctrine vis-à-vis des supporters et des groupes ultras.

Le constat d’échec du tout répressif

L’Assemblée nationale avait lancé cette mission d’information parlementaire bien avant la pandémie de coronavirus, qui a arrêté la saison de Ligue 1 et de Ligue 2. De manière générale, les deux députés dressent un bilan très mitigé de la politique du "tout répressif" et plaident pour un meilleur dialogue entre les autorités, les clubs et les groupes de supporters. Parmi leurs propositions : mettre fin aux sanctions collectives comme la fermeture des tribunes, moins d’interdiction de stades et de déplacements dans les stades adverses.

Mais la proposition la plus saisissante, qui peut paraître à contre-courant des politiques menées ces dernières années, est bien la légalisation de l’utilisation des fumigènes. "C’est quasiment impossible d’empêcher l’entrée et l’utilisation des fumigènes dans les stades. Ce sont des objets très petits", a constaté Marie-George Buffet, mercredi, lors d’une audition de la commission des affaires culturelles et de la commission des lois de l’Assemblée.

Une autorisation oui, mais de manière très encadrée

Les deux députés proposent donc d’autoriser les fumigènes, mais de manière très encadrée et en engageant la responsabilité des groupes de supporters. "Les fumigènes sont une partie de l’expression des supporters. Donc on demande une sorte de négociation pour déterminer les moments où ils pourront utiliser les fumigènes. Mais si il y a le moindre incident, ce ne sera pas la responsabilité du club, mais des groupes de supporters. C’est un appel à la responsabilisation", poursuit l’ancienne ministre des Sports.

Pas question pour autant de donner un blanc-seing aux supporters. Les deux députés proposent de limiter l’usage des fumigènes "dans un endroit déterminé, dans le cadre de négociations avec les fédérations et les clubs".

De fortes réserves de la division nationale de lutte contre le hooliganisme

Il faut dire que la situation actuelle dans les stades de foot est à la fois hypocrite et paradoxale. Certains clubs négocient même discrètement avec leurs supporters pour déterminer le nombre de fumigènes qu'ils vont allumer, espérant écoper d'une simple amende et s'éviter un huis-clos. Quant aux télévisions, elle n’hésitent pas à utiliser les images de tribunes "en feu", au sens propre du terme, pour faire la publicité des ambiances dans les stades de foot.

Mais le chemin vers une légalisation est encore long et pourrait rencontrer l’opposition des autorités. La division nationale de lutte contre le hooliganisme émettait dès l’an des réserves importantes à un retour officiel des fumigènes.