Foot : Ada Hegerberg, le premier ballon d’or féminin, s’en prend à la FFF

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Virginie Phulpin
La joueuse de l'Olympique lyonnais, Ada Hegerberg, s'en prend à la Fédération française de football. Celle qui a remporté le premier ballon d'or féminin en 2018 regrette en effet la candidature de la France à l’Euro 2025, alors qu'elle estime que le championnat féminin est laissé à l'abandon. Et pour l'éditorialiste sport Virginie Phulpin, il faudrait écouter la sportive.
EDITO

Ada Hegerberg secoue la Fédération française de football. La Suédoise de l’Olympique lyonnais critique la candidature de la France à l’Euro 2025 en même temps que le championnat féminin est laissé à l’abandon. Pour l'éditorialiste sport Virginie Phulpin, il serait bien d’écouter la sportive.

Organiser des grandes compétitions ne suffit pas

"Ada Hegerberg n’a pas la langue dans sa poche. Et tant mieux. Le foot a besoin de joueuses comme elle. La fédération française de football est candidate à l’organisation de l’Euro 2025 de foot féminin. Et la fédération se gargarise de cette initiative. Comme si c’était la preuve ultime d’un engagement sans faille. Ada Hegerberg a donc mis les pieds dans le plat. "Organiser des compétitions internationales, c’est bien. S’investir dans notre championnat, c’est mieux. On est à la ramasse et la Coupe du monde 2019 n’a eu aucun impact".

Difficile de faire plus direct. Ca fait partie des caractéristiques de cette grande attaquante de l’OL, premier ballon d’or féminin en 2018. Une voix qui porte, sur le terrain comme en dehors. Et elle a raison. Organiser des grandes compétitions ne suffit pas. Si c’est pour s’extasier pendant 15 jours, remplir les stades, faire des cartons d’audiences à la télé et ensuite laisser retomber le soufflé en faisant comme si le travail avait été fait, ça ne sert à rien. C’est exactement ce qu'il s’est passé pour la Coupe du monde 2019 en France. Et ne me dites pas que c’est parce que le football au féminin n’intéresse personne. Il faut arrêter de prendre les choses à l’envers. C’est en impulsant un mouvement qu’on donnera l’envie au public. Pas l’inverse. 

Suivre l’exemple de l’Angleterre

C’est là qu’aura lieu l’Euro cet été. Mais les Anglais ne voient pas du tout cette compétition comme une parenthèse enchantée pour être politiquement correct, avant de reprendre le cours normal de la vie du foot, avec les hommes. Pas du tout. Eux, ils ont compris l’importance du football au féminin. Ils ont aussi compris ce que ça pouvait leur rapporter gros, c’est certain. Cela fait 4 ans qu’ils ont mis le paquet, et ils partaient de loin, avec un championnat féminin à l’agonie, quelques équipes qui vivotaient.

Aujourd’hui, c’est le championnat dont la valeur est la plus élevée du monde. Avec des droits télé de 8 millions d’euros par an. Les clubs se sont restructurés, ils ont dû payer leurs joueuses correctement, ce qui a tiré tout le monde vers le haut. Et ça marche ! L’Angleterre est devenue 'the place to be' pour les footballeuses stars. Le championnat est homogène, compétitif, il y a de vraies rivalités, avec des affiches qui se jouent dans de grands stades pleins.

La machine est lancée et l’Euro est donc la suite logique de cette politique, pas un moment sorti de nulle part. Alors que la France soit candidate pour organiser l’Euro 2025, très bien. Mais à condition de ne pas recommencer les mêmes erreurs que pour la Coupe du monde 2019. On devrait plus souvent écouter les joueuses comme Ada Hegerberg."