Coupe du monde : une Seleçao sous pression

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ALERTE JAUNE - Le Brésil, sacré cinq fois en Coupe du monde, n'a pas le choix. Tout autre résultat qu'un nouveau titre serait vécu comme un échec.

Même en match amical, les supporters brésiliens sont sans pitié. Vendredi dernier, 16h45 à Sao Paulo. Nous sommes à la mi-temps du dernier match de préparation du Brésil, face à la Serbie ; le score est alors de 0-0. Les joueurs de la Seleçao sortent du terrain sous une bordée de sifflets après une première période poussive. Ils remportent finalement la rencontre 1 à 0. "Dès que vous avez le maillot du Brésil, vous avez la pression. Il faut toujours gagner, être les meilleurs", témoigne l'ancien attaquant international Sonny Anderson, qui a connu 7 sélections avec le maillot auriverde.

Neymar, l'attaquant vedette du Brésil.

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Gagner, une obligation. A domicile, le Brésil n'a qu'un seul but : décrocher une sixième Coupe du monde. D'autant plus que les bookmakers font de la Seleçao le favori pour le sacre final, avec une cote de 3 contre 1. L'an dernier, le Brésil avait pu mesurer l'immense attente de son public lors de la Coupe des confédérations, sorte de répétition générale à un an du Mondial. Avant chaque rencontre, l'équipe brésilienne et ses supporters chantaient l'hymne nationale dans un état de transe indescriptible. Javier Prieto-Santos, spécialiste du football sud-américain au magazine So Foot, renchérit : "Ce n'est pas un objectif, c'est une obligation. La pression populaire va être énorme sur les joueurs, les Brésiliens leur demandent beaucoup. Si ils ne gagnent pas, ce sera vécu comme une catastrophe pour tout le monde".

L'hymne brésilien avant Brésil-Uruguay, demi-finale de la Coupe des confédérations :

Le syndrome 1950. Car un funeste précédent hante encore tous les esprits au pays. En 1950, le Brésil organise pour la première fois la Coupe du monde. Comme prévu, les Auriverde se qualifient pour la finale dans le stade du Maracana, à Rio, devant plus de 170 000 spectateurs acquis à leur cause. Pourtant, l'impensable se produit et la Seleçao s'incline 2 buts à 1. "Plus de 60 ans après, tout le monde parle encore de ce qu'on appelle le Maracanazo. C'est une honte nationale, et personne ne veut que ça se reproduise", assure Javier Prieto-Santos.

La défaite du Brésil en finale du Mondial 1950.

"Les gens n'en veulent pas". Mais à cette exigence de résultat s'ajoute aussi la pression d'une situation sociale explosive. Les policiers à Brasilia, les employés de métro à Sao Paulo, les fonctionnaires dans le reste du pays. Depuis plusieurs semaines, les revendications sociales se multiplient dans tout le Brésil. Principale cible des manifestants : les sommes dépensées pour le Mondial. Rien que les stades ont coûté la bagatelle de 2,6 milliards d'euros. Javier Prieto-Santos décrypte la colère d'une population excédée : "Le public veut une victoire pour justifier cette Coupe du monde dont ils ne veulent pas". Et ça, les joueurs le savent. Dans les cortèges à Sao Paulo, une pancarte était même barrée d'un énorme slogan : "Un prof d'école, ça vaut plus que Neymar".

MANIFESTANTS-BRESILIENS_sca

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Partir à point. Évoluer à domicile pourrait donc être un fardeau pour les coéquipiers de la star du FC Barcelone. Pour se mettre le public dans la poche, il n'y a donc qu'une solution : gagner le match d'ouverture le 12 juin face à la Croatie, à suivre en direct sur Europe1.fr. "Le premier match va être très important. En cas de contre-performance, les supporters peuvent se retourner contre les joueurs", soutient Javier Prieto-Santos. Alors pour gérer une telle pression, l'équipe va devoir s'appuyer sur son vécu. Pour Sonny Anderson, c'est sûr, la Seleçao sera à la hauteur de l'évènement : " Je ne suis pas inquiet, les joueurs ont l'expérience des grands clubs. Ils connaissent l'exigence du haut niveau.". Pour séduire le citoyen en colère et le supporter qui cohabitent en chaque Brésilien, Thiago Silva et ses partenaires savent donc ce qu'ils leur restent à faire : gagner, gagner et encore gagner.

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