Le rapport de Jean-Pierre Obin pointe notamment un manque de connaissances des professeurs vis-à-vis des valeurs de la République.  10:20
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Ugo Pascolo
Invité d'"Europe Midi", mardi, Jean-Pierre Obin revient sur son rapport qui pointent des lacunes dans la formation des professeurs aux valeurs de la République. Un rapport qui va mener notamment à la formation de 1.000 formateurs sur ces questions dès la rentrée prochaine, comme l'a d'ores et déjà annoncé le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer.
INTERVIEW

Huit mois après l'assassinat du professeur Samuel Paty, et à la veille de la sortie d'un livre de Mila, cette jeune fille contrainte de vivre sous protection policière pour avoir critiqué l'islam, le débat sur le respect des valeurs de la République à l'école revient sur le devant de la scène. Lundi, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé un plan de formation sur quatre ans pour les personnels. Une décision prise à la suite de la remise, en avril, du rapport de Jean-Pierre Obin sur le sujet.

Pour ce dernier, invité d'Europe Midi, mardi, il est temps de faire quelque chose. En faisant référence au Code de l'éducation, cet ancien inspecteur général rappelle que "la mission première de l'école est de faire partager aux élèves les valeurs de la République". Mais aujourd'hui, "on a des enseignants et plus généralement des personnels [de l'Education nationale] qui sont globalement dans le désarroi par rapport à cette question".

Une autocensure galopante 

"Ils sont livrés à eux-mêmes", enfonce l'ancien inspecteur, rappelant que "50% des enseignants s'autocensurent" quand ils abordent ces questions, selon un sondage de la Fondation Jean-Jaurès. Un chiffre qui a d'ailleurs fait "un bond de 13 points depuis l'assassinat de Samuel Paty", le 16 octobre 2020. Une situation qui laisse transparaître une "insuffisance du soutien et de l'outillage" de l'Éducation nationale à ses professeurs sur cette thématique. Mais le rapport de Jean-Pierre Obin pointe également un manque de connaissances des professeurs. En interrogeant des dizaines de cadres de l'Éducation nationale sur les notions qui se cachent derrière les valeurs de la République qui doivent être enseignées à l'école, il a obtenu des réponses "surprenantes".

Un déficit de connaissances

"Tout le monde cite 'liberté, égalité, fraternité et laïcité'. Mais à partir de là, on a une très grande variété de réponse." Des notions qui ne sont pas ou peu citées alors qu'elles sont inscrites dans les textes fondamentaux (justice sociale, démocratie, universalisme, dignité humaine…), à des concepts qui ne sont pas mentionnés dans les textes, comme la diversité.

Un déficit de connaissances donc, dû en partie à un déficit de formation. C'est pour cela que l'une des premières actions à mettre en place que préconise Jean-Pierre Obin est de former 1.000 formateurs dès la rentrée prochaine. Un apprentissage qui sera dispensé par un établissement d'enseignement supérieur sous une forme intensive. Charge à eux ensuite de transmettre leur savoir aux enseignants.

Un soutien hiérarchique à trouver

Quant au manque de soutien que peuvent ressentir les professeurs face à leur hiérarchie, "que l'on appelle le pas-de-vaguisme", Jean-Pierre Obin juge que l'école est dans "un cercle pervers qu'il faut absolument briser". Et sur ce point précis, le rapporteur a reçu l'assurance de Jean-Michel Blanquer qu'il va demander aux responsables [d'établissements] "d'avoir un discours très ferme à ce sujet à la rentrée".