Tracking contre le coronavirus : "Il est difficile de rétropédaler sur des libertés abandonnées"

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Ugo Pascolo , modifié à
Alors que 62% des Français acceptent l'idée d'être traqués par un outil comme la future application "Stop Covid", la philosophe Cynthia Fleury rappelle au micro du "Grand journal du soir" d'Europe 1 qu"il est difficile de rétropédaler sur des libertés abandonnées". 
INTERVIEW

La majorité des Français sont prêts à sacrifier une part de leur liberté face au coronavirus. Malgré la polémique sur la localisation les malades du Covid-19 et le suivi de leurs déplacements lorsque sera venu le temps du déconfinement, 62% des Français acceptent l'idée d'être tracés par une application comme "Stop Covid". Un chiffre important au vu des conséquences, d'autant qu'"il est très difficile de rétropédaler sur des libertés abandonnées", prévient la philosophe Cynthia Fleury.

Une facilité à lâcher nos libertés face à la "survie" et la mort

Invitée du "Grand journal du soir" ce vendredi, elle ne semble pas surprise par ce phénomène, puisque "nous avons une facilité à lâcher nos libertés devant un grand principe de la réalité qui s'appelle la survie". "Je pense qu'en dernière instance, le grand réel de la mort fait peur", analyse-t-elle. Mais la confiance des Français dans cet outil traduit également une "espèce de prime à la technicité, comme si elle validait son efficience, alors que ce n'est pas le cas", rappelle la psychanalyste. "Nous n'avons pas encore de retour d'expérience sur de tels outils, au contraire de l'Histoire", qui a montré que "rétropédaler sur des libertés abandonnées" était "très difficile". 

"Une série de garde-fous" nécessaire

Alors pour éviter de perdre à jamais ces libertés, Cynthia Fleury préconise de mettre en place "toute une série de garde-fous". "Il va falloir veiller, demander des études très fortes sur le sujet, mais aussi sortir le plus tôt possible de l'état d'urgence sanitaire." Sans oublier de mettre en place un "anonymat, un volontariat, une temporalité, ainsi qu'un effacement des données". Des recommandations qui ne sont pas sans rappeler celles voulues par la Cnil.

La présidente de la Commission nationale de l'informatique et des libertés​, Marie-Laure Denis, ayant expliqué la semaine dernière sur Europe 1 que la possibilité de refuser le tracking était une "garantie indispensable pour les Français", au même titre que le volontariat et le caractère provisoire de l'application étaient "une ligne rouge".