En vigueur depuis quatre semaines, le confinement destiné à freiner la propagation du coronavirus exacerbe les tensions au sein des foyers français. Si cela se limite à de simples disputes dans la plupart des cas, Benoit, le commandant qui dirige le groupe des négociateurs du RAID, constate toutefois un effet beaucoup plus grave sur les personnes psychologiquement fragiles. Du jet de mobilier à l'agression, en passant par la tentative de suicide : depuis le début du confinement, le groupe Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion, de la police nationale est ainsi intervenu aux quatre coins du pays : Versailles, Rennes, Nouméa, ou encore Toulouse.
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Les ravages des thèses complotistes chez les personnes esseulées
Un comportement souvent motivé par la peur de contamination, qui peut se transformer en une sorte de paranoïa. "La thèse complotiste est vraiment ancrée chez les gens seuls auprès desquels on est amené à intervenir", indique le policier d'élite au micro d'Europe 1.
"Depuis le début du confinement, on a eu cinq cas. Le plus emblématique c’est ce jeune à Versailles, qui passait son temps sur Internet et les réseaux sociaux à consulter ces thèses, il avait peur d’être contaminé et menaçait de se suicider."
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Des différends familiaux qui "finissent pas dégénérer"
Mais au bout d'un mois enfermé chez soi, le confinement a aussi des effets sur des personnes mentalement "plus fortes". "Les gens ne peuvent pas échapper, pour ceux qui en avaient besoin, à leur vie de couple, leur vie de famille", explique le commandant, qui observe que de simples "différends familiaux finissent pas dégénérer de façon assez aiguë". Des situations motivées par un contexte très particulier, et qui obligent les négociateurs à modifier leur dialogue avec les forcenés.
"Le confinement, c'est quelque part une expérience commune, donc même si on est toujours sur l’écoute et l’empathie, quand on arrive à glisser là-dessus, ça va véritablement faire écho chez eux." détaille-t-il. Ce qui n'empêche pas le groupe d'intervention d'alerter les autorités sur ces phénomènes, loin de là.
Le risque de la rupture de traitement chez certains malades
D'autant que le RAID redoute aussi les effets des ruptures de traitement chez certains malades chroniques, puisque beaucoup de points de prise en charge de jours sont fermés. Ces effets se font généralement sentir au bout de trois semaines ou un mois. "Il est devenu suicidaire", témoignait il y a quelques jours sur Europe 1 Audrey, mère d'un homme schizophrène de 27 ans qui s'est retrouvé coupé de tout lien médical.
Si le RAID travaille sur "ces hypothèses", il réfléchit aussi à l'après, au déconfinement et aux gens n’ont pas pu enterrer leurs proches. Et pense aussi aux soignants, qui ont affronté au quotidien des situations extraordinaires pendant de longues semaines." Notre rôle c’est d’anticiper", résume Benoît. Un rôle d'autant plus essentiel qu'avec l'officialisation de la prolongation du confinement, attendue lundi soir, les conséquences de la solitude et des tensions familiales ne risquent pas de diminuer.