Tensions lors de la marche blanche pour Mireille Knoll : "une honte qui nous souille tous"

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Ugo Pascolo , modifié à
Pour Alain Jakubowicz, l'ancien président de la Licra, l'exfiltration de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen de la marche blanche est "un accessoire politique qu'il ne faut pas regarder lorsqu'il y a des choses aussi importantes"
INTERVIEW

"Je regrette qu'on donne une telle dimension à des incidents infiniment regrettables". Invité d'Europe 1 matin, au lendemain de la marche blanche pour Mireille Knoll, assassinée vendredi dernier, Alain Jakubowicz, avocat, ancien président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), revient sur les incidents qui ont poussé à l'exfiltration de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen  du cortège. "C'est une honte qui nous souille tous", lance-t-il.

"Une manifestation de Français, pour des Français". "Nous avons besoin de nous réunir et pas de nous diviser", explique l'ancien président de la Licra. "Ne regardons pas l’accessoire politique lorsqu'il y a des choses aussi importantes en jeu", ajoute-t-il en évoquant les incidents autour de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, dont la présence n'était pas souhaitée le Crif. Pour l'avocat, le plus important dans cette marche blanche, était d'être unis. "Il était important que les Français se réunissent comme ils l'ont fait lors d'autres drames qui ont frappé notre pays". "C'est la première fois qu'ils se rassemblent aussi nombreux après l'assassinat d'une femme juive, simplement parce qu'elle était juive", explique Alain Jakubowicz. "Ce n'était pas une manifestation juive, c'était une manifestation de Français, pour des Français". "Pour un homme héroïque, Arnaud Beltrame, et une vielle femme juive qui a survécu au nazisme, mais succombé à l’antisémitisme qui sévit aujourd'hui dans notre pays", analyse-t-il.   

"Il faut nommer les choses". Si la marche blanche pour Mireille Knoll a pu être une forme de prise de conscience nationale de l'antisémitisme en France, comment aller plus loin ? "Il faut nommer les choses", explique Alain Jakubowicz. "Nous avons des problèmes à nommer les choses : 11 juifs ont été tués parce qu'ils étaient juifs, c'est une spécificité française, ça ne se passe pas dans d'autres pays", affirme-t-il. "A chaque fois qu'un juif a été tué, l'assassin se revendiquait d'un islam radical, nous ne devons pas l'oublier". "C'est un mouvement marginal, mais il souille l'islam", nuance l'ancien président de la Licra. "Il est important que les responsables de la communauté musulmane se manifestent, c'est à eux de régler ce problème, et à nous de les aider".