Saint-Pierre-et-Miquelon 1:30
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Claire Leys
La semaine dernière, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) publiait un rapport catastrophique sur l’état de la planète. Mais dans certains coins du globe, les conséquences du réchauffement climatique se font déjà ressentir. C’est notamment le cas à Saint-Pierre-et-Miquelon, menacé par la montée des eaux.

L’archipel a tout d'un petit paradis. Des sentiers verdoyants, des maisons de toutes les couleurs façon carte postale et, bien sûr, la vue sur l'océan. Mais pour les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon, situé à l'est du Canada, l'Atlantique devient peu à peu un ennemi. Une semaine après la publication du rapport alarmant du Giec sur l’état de la Terre, les insulaires partagent leur quotidien, d’ores et déjà rempli d’inquiétudes concernant le réchauffement climatique.

Leur village est classé en zone à fort risque de submersion. Depuis trois ans, il est impossible de construire de nouveaux logements à Miquelon-Langlade, la plus grand des huit îles de l'archipel. L’un des habitants de la commune, Nicolas Lemaine, se sent piégé. "C'est vraiment compliqué aujourd'hui de débloquer quelque chose", explique-t-il. Se lancer dans un projet d’entreprise ou d’agriculture relève de plus en plus d’un parcours du combattant.

"Naturellement, ça nous fait peur"

Par conséquent, de plus en plus de jeunes fuient en direction de la métropole. "Ils ne reviendront pas tout simplement", déplore Nicolas Lemaine. "Il faut que l'on trouve des solutions pour pouvoir rester ici", poursuit cet habitant.

Des solutions, il en faut aussi pour protéger les infrastructures. Cet hiver, l'unique route qui relie deux parties du village de Miquelon-Langlade a été coupée, emportée par les vagues. Un bouleversement supplémentaire pour le maire de la commune. "On est obligé de revoir totalement notre façon de vivre", soupire Franck Detcheverry. "Naturellement, ça nous fait peur."

Faut-il délocaliser le village ?

Alors, pour s’adapter à la montée des eaux, la jeunesse du village, guidée par Nicolas Lemaine, s’est lancée dans un projet fou. "On réfléchit vraiment à une délocalisation du village", affirme-t-il. Avant de préciser : "On a cherché les hauteurs où il n'y a aucune habitation existante actuellement pour éviter justement la montée des eaux." Le maire approuve ce projet mais selon lui, il ne verra pas le jour avant 50, voire 100 ans. Dans le village, certains estiment que l'océan ne leur laissera jamais autant de temps.