Eric Loupiac, médecin urgentiste, a perdu la vie le 23 mars dernier. 1:17
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Baptiste Denis , modifié à
En première ligne face au Covid-19, Éric Loupiac, médecin urgentiste, est mort le 23 mars dernier. Selon sa femme Claire, il a été abandonné par l'État. Celle-ci a souhaité prendre la parole sur Europe 1 afin d'expliquer son refus de participer à une cérémonie organisée par l'État en hommage aux victimes.
INTERVIEW

Claire Loupiac a perdu son mari, médecin urgentiste, à Lons-le-Saunier dans le Jura, emporté par le coronavirus, le 23 avril dernier. Il avait alerté à plusieurs reprises sur le manque d'équipements et de préparation des hôpitaux français face au virus. Il y a quelques jours, Claire Loupiac a été invitée par la présidence de la République aux cérémonies en hommage aux victimes à Paris. Elle vient de décliner l'invitation et explique cette décision à Europe 1.

Une invitation "inconvenante"

"Je refuse cette invitation", attaque d'emblée Claire Loupiac, expliquant que son mari "n'était jamais écouté par les autorités sanitaires". La veuve trouve cette invitation "inconvenante" et détaille son opinion ensuite.

"On invite quelqu'un pour l'honorer et le remercier. J'ai l'impression que le président voudrait remercier mon mari d'avoir pris le risque de se faire contaminer dans un hôpital sous-équipé. Le gouvernement est bien conscient que des erreurs ont été commises, il y a eu des négligences et des lenteurs à la réaction. C'est évident, maintenant, que le gouvernement essaye de se racheter. Il n'y a rien qui enlèvera ma colère et ma révolte, surtout pas une médaille", tempête-t-elle.

Des conditions de travail pas à la hauteur

Claire Loupiac pointe aussi du doigt le manque criant de moyens lorsque son mari était en fonction et qui aurait entraîné son décès. "Il n'y avait pas assez de masques, il travaillait dans de mauvaises conditions avec des locaux inadaptés, il manquait du matériel et des effectifs", énumère-t-elle.

Enfin, pour Claire Loupiac, la France semble dénigrer les victimes et leur famille avec seulement une journée de commémoration, à laquelle elle refusera donc d'assister : "La décence aurait voulu qu'on honore les victimes par un deuil national, ce qui a été fait en Italie, en Espagne, en Chine... La France, elle, semble ignorer les siennes. Ça me choque, mes enfants aussi. Non, il ne fallait pas m'inviter."