Une enquête a été ouverte contre les deux syndicalistes de la CGT pour "atteinte à la vie d'autrui" 2:32
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Deux agents syndicalistes d'Enedis ont été placés en garde à vue après des coupures sauvages d'électricité en Dordogne. Alors qu'Edouard Philippe avait demandé à ce que ce type d'actions soient sanctionnées, Philippe Martinez considère que ce placement en garde à vue "jette de l'huile sur le feu". 

Deux syndicalistes agents d'Enedis en Dordogne ont été placés en garde à vue mercredi dans le cadre d'une enquête sur une coupure sauvage d'électricité, le 10 janvier dans une entreprise classée Seveso, pour protester contre la réforme des retraites.

Les deux agents ont été placés en garde à vue mercredi matin à la gendarmerie de Neuvic dans le cadre d'une enquête pour "mise en danger de la vie d'autrui". L'enquête faisait suite à une plainte déposée par l'entreprise Neuvic Interspray (qui conditionne des cosmétiques, aérosols, laques), après une coupure sauvage d'électricité qui avait duré trois heures le vendredi 10 janvier, selon Enedis. Outre l'entreprise, Enedis avait aussi déposé plainte. Les deux agents, membres de CGT-Energie, ont été interpellés pour l'un d'eux au moins à son domicile, a assuré Francis Dezile, secrétaire général de la CGT Energie-Dordogne.

"Une réponse répressive"

Une soixantaine de personnes, syndicalistes CGT principalement mais FO aussi, étaient rassemblée en mi-journée mercredi devant la gendarmerie de Neuvic en soutien de leurs deux collègues.

Francis Dezile a ajouté qu'une nouvelle coupure avait été effectuée ce mercredi matin dans la même entreprise "en solidarité" avec les deux interpellés. Il n'était pas en mesure de confirmer si ces gardes à vue étaient une première pour des coupures d'électricité, mais il a dénoncé un "sacré changement de méthode" et un traitement des syndicalistes "comme des délinquants".

"C'est une réponse répressive au lieu d'une réponse politique à des questions sur la réforme des retraites", a-t-il déclaré. "On est mis au même niveau que des voyous, alors que nous sommes des salariés qui luttons contre cette réforme". Le directeur régional d'Enedis pour l'Aquitaine nord, Thierry Gibert, a indiqué ne pas vouloir présager de l'enquête, mais sera "très attentif" aux résultats de celle-ci, et se réserve d'"engager des procédures disciplinaires qui peuvent aller jusqu'au licenciement", pour ce qu'il a qualifié de "faits graves".

Enedis, a réaffirmé Thierry Gibert "respecte bien sûr le droit de grève", mais condamne fermement des actes tels que des coupures sauvages, susceptibles de créer des situations de danger, et "portera plainte systématiquement". La direction régionale a ainsi déposé 34 plaintes depuis début décembre, a-t-il souligné.

"Jeter de l'huile sur le feu"

Mardi lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le Premier ministre Edouard Philippe a demandé que ces types d'actes soient "sanctionnés".

Pour Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, la placement en garde à vue des deux agents revient à "jeter de l'huile sur le feu". Il a dénoncé le "mépris" du gouvernement face à la mobilisation contre la réforme des retraites.

"Il y a deux agents en garde à vue à Périgueux, il y en a eu deux à Orléans, trois à Bordeaux, il y a aussi ceux de la RATP. La conception de la négociation et de la discussion avec un mouvement de grève, c'est les gardes à vue. Je crois que ça, c'est jeter de l'huile sur le feu", a-t-il déclaré lors d'un déplacement à la centrale nucléaire de Gravelines, près de Dunkerque.