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Antoine Terrel avec Olivier Samain et AFP , modifié à
Lundi, le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye recevait les syndicats afin de "tirer les conclusions" de la concertation relancée en septembre. Mercredi, le Premier ministre Édouard Philippe doit présenter l'intégralité de la réforme.

Pour l'exécutif, cette semaine décisive s'est ouverte par une ultime rencontre avec les partenaires sociaux. Alors que le Premier ministre Édouard Philippe doit présenter mercredi "l'intégralité du projet" de réforme des retraites, lundi, le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye et la ministre des Solidarités Agnès Buzyn recevaient les syndicats dans l'après-midi afin de "tirer les conclusions" de la concertation relancée en septembre. Une réunion qui s'est tenue en l'absence des numéros 1 des syndicats, dont certains réfléchissent d'ores et déjà à une nouvelle journée de mobilisation jeudi.

Une réunion pour repérer les potentiels points de consensus

Si la plupart des grands leaders syndicaux n'étaient pas présents, tous les syndicats invités avaient envoyé des représentants. Mais à la sortie de cet entretien, tous les protagonistes l'ont dit : "Nous n'avons rien appris de nouveau aujourd'hui". L'exercice n'était pas celui là, et consistait simplement à faire un état des lieux des points de consensus et des points de divergence à l'issue de la concertation menée depuis un peu plus de deux ans par Jean-Paul Delevoye. 

Si certains syndicats sont prêts à discuter d'un système universel par points, comme la CFDT,  d'autres comme la CGT ou FO, ne veulent pas en entendre parler et réclament l’abandon de la réforme préparée par le gouvernement. Lors de cette réunion, on a néanmoins appris que le gouvernement semblait sensible à la demande d'une amélioration des droits familiaux et à celle d'une meilleure prise en compte de la pénibilité. 

Pour Jean-Michel Delevoye, "le statut quo n'est pas tenable" 

À la sortie de cette rencontre, Jean-Paul Delevoye a présenté ses "conclusions", listant les points d'accord et de désaccord tout en jugeant "indispensable" la réforme promise par Emmanuel Macron. Dans une synthèse de la concertation menée sous son égide, le haut-commissaire fait ressortir "une forte volonté de remédier aux limites du système actuel tout en conservant son ADN", justifiant ainsi la création du "système universel" censé remplacer les 42 régimes de retraites existants. "Je suis convaincu que le statu quo n'est pas tenable, que ce projet est indispensable et que les générations futures nous seront reconnaissantes", ajoute-t-il.

Jean-Michel Delevoye affirme que certaines de ses propositions font plutôt consensus : maintien de l'âge légal à 62 ans, des départs anticipés pour les carrières longues et les métiers "régaliens", garantie "dans la loi" que la valeur du point "ne peut baisser", pension minimum à 85% du Smic pour une carrière complète, prise en compte pour les fonctionnaires de la pénibilité et des primes etc. Mais d'autres sujets sont loin de faire l'unanimité, en particulier "l'entrée en vigueur du nouveau système" dès 2025.

Entendu sur europe1 :
On est plus dans une volonté de faire semblant qu'on discute

Le haut-commissaire esquisse un nouveau scénario en deux temps : "Les jeunes générations pourraient commencer à s'affilier au système universel, si possible rapidement après la loi", tandis qu'une autre date de bascule serait fixée pour "la première génération concernée par l'intégration progressive" dans ce nouveau régime.

Autre point de discorde: "l'âge d'équilibre" à 64 ans, avec une décote avant et une surcote après, "ne fait pas consensus", reconnaît Jean-Michel Delevoye, qui estime pourtant que sa "mise en place progressive (...) paraît devoir être privilégiée" pour résorber le déficit global du système de retraite, évalué entre 8 et 17 milliards d'euros à l'horizon 2025.

"Il n'y a jamais eu de négociations", fustige Philippe Martinez 

Invité lundi soir d'Europe 1, le leader de la CGT a une nouvelle fois dénoncé l'attitude du gouvernement, critiquant son "entêtement" dans le dossier des retraites. Absent de la réunion avec Jean-Paul Delevoye, Philippe Martinez a qualifié ce rendez-vous de "pseudo restitution des propositions des syndicats". "Le calendrier a été avancé et nous avons fait des propositions concrètes, notamment sur l'égalité entre les femmes et les hommes. Jean-Paul Delevoye vient de restituer les travaux, il n'a jamais parlé de ça."

"On entend le mot 'concertation' depuis deux ans et demi", s'est encore agacé Philippe Martinez. "Jean-Paul Delevoye a-t-il parlé de la diversité des propositions ? On est plus dans une volonté de faire semblant qu'on discute, mais qu'on n'entend pas. Pourquoi faire cette réunion d'aujourd'hui si tout va se passer mercredi ? Il n'y a jamais eu de négociation", a-t-il poursuivi. 

Que va-t-il se passer maintenant ? 

Mardi, Emmanuel Macron et Édouard Philippe, qui ont déjà consulté tout le weekend, recevront les ministres les plus concernés par la réforme et les dirigeants de la majorité à un dîner de "calage". Puis le Premier ministre présentera, mercredi, "l'intégralité du projet" de réforme. La veille, une nouvelle grande journée de grèves et de manifestations est prévue. 

De son côté, la CGT est "déjà en réflexion" pour une nouvelle journée de mobilisation jeudi, selon Laurent Brun, numéro un de la CGT-Cheminots. Une intersyndicale est programmée mardi soir à l'issue de la manifestation parisienne prévue entre Invalides et Denfert-Rochereau.