Laye Fodé Traoré 1:25
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Arthur Helmbacher et AFP, édités par Manon Fossat
Après avoir été menacé d'expulsion, le jeune apprenti boulanger guinéen, Laye Fodé Traoré, a appris la semaine dernière sa régularisation par la préfecture de la Haute-Saône. Il a pu reprendre le travail mardi matin aux côtés de son maître de stage, le boulanger Stéphane Ravacley, son premier soutien.

Il est 3 heures du matin et Laye Fodé Traoré s'active de nouveau dans le fournil de la Huche à Pain, au centre-ville de Besançon. Cet apprenti boulanger guinéen de 18 ans, qui devait être expulsé, a finalement appris jeudi sa régularisation par la préfecture de la Haute-Saône grâce à la mobilisation de son patron, qui avait entamé une grève de la faim il y a dix jours.

"Une renaissance"

"Quand on a gagné ce combat, c'est comme si je venais de renaître et de commencer une nouvelle vie. Je suis heureux, ému, et je remercie mon patron pour tout ce qu'il a fait pour moi. Il a mis sa santé en danger pour moi. Tout ce que j'ai à faire maintenant, c'est de me concentrer sur mes études, parce que c'est ce que j'ai demandé. Et j'ai le CAP dans quelques mois", s'est réjoui le jeune homme au micro d'Europe 1.

Laye Fodé Traoré a donc pu reprendre le travail auprès du boulanger Stéphane Ravacley, son maître de stage, qui avait entamé une grève de la faim dix jours auparavant pour protester contre son expulsion annoncée. Victime d'un malaise, l'artisan de 50 ans à la santé fragile avait brièvement été hospitalisé. Mais s'il est soulagé de la nouvelle pour son jeune apprenti, le chemin est encore long selon lui.

"Les gamins comme Laye il y en a des milliers en France. S'ils vont au travail, c'est qu'ils veulent avoir une vie meilleure. S'ils sont venus en canoë de sauvetage, c'est qu'ils veulent une vie meilleure. Et s'il n'y a pas d'autres gamins qui veulent prendre leur place, alors qu'on les laisse travailler. Moi au mois de septembre quand j'ai fait un appel d'apprentis, personne n'est venu autre que les migrants. Donc c'est bien qu'il y a un problème", plaide-t-il. 

Donner leur chance à ces jeunes "méritants"

Il milite en effet pour que la France donne sa chance à ces jeunes "méritants" qui occupent des formations délaissées par les jeunes français. Dans ce sens, il a rejoint la page "Non à l'expulsion des migrant-es en apprentissage".

En lien avec le député européen Raphaël Glucksmann (Place Publique), il espère pouvoir faire déposer un texte de loi pour que "tous les gamins qui entrent dans un processus de formation, qu'ils aient 18, 19 ou 20 ans, aillent jusqu'à l'obtention d'un diplôme". "Pourquoi investir sur des gamins qu'on sauve et qu'on jette parce qu'ils ont simplement 18 ans ?", interroge-t-il.