Le recrutement des enseignants par les directeurs d'écoles proposé à Marseille par Emmanuel Macron a déjà été testé en France 1:22
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Virginie Riva, édité par Solène Delinger , modifié à
Emmanuel Macron a annoncé jeudi à Marseille qu'une expérimentation allait être lancée dans 50 écoles de la ville pour permettre aux chefs d'établissement de choisir leurs enseignants. Un dispositif censé lutter contre la lassitude des équipes dans les quartiers difficiles qui n'a en fait rien d'inédit puisqu'il a déjà été tenté sous le ministère de Luc Chatel en 2012 et 2015.       

C'était l'annonce choc faite par Emmanuel Macron lors de son déplacement à Marseille. Le président de la République a proposé aux directeurs de 50 écoles de la cité phocéenne de recruter eux-mêmes leurs enseignants. "Il faut qu'on ait des directeurs d'école auxquels on permet d'avoir un peu plus d'encadrement", a déclaré le chef de l'Etat. "On fera cette même innovation dans plusieurs autres quartiers de la République si les résultats sont concluants", a-t-il ajouté, présentant son idée comme étant totalement inédite. Or, ce dispositif existe déjà depuis plusieurs années et n'a pas encore réussi à faire ses preuves. 

Deux expériences négatives

Les directeurs d'école peuvent déjà choisir leurs enseignants pour les recrutements dits d'excellence, comme dans les classes prépas, les lycées français à l'étranger ou encore les BTS, mais aussi dans le privé sous contrat. Le dispositif a déjà été tenté en zone d'éducation prioritaire sous le ministère de Luc Chatel, en 2012, puis en 2015, avec ce que l'on appelait les "postes profilés". Deux expériences négatives, selon les syndicats.

Lutter contre la centralisation du recrutement

À l'inverse, pour le cercle de réflexion sur l'éducation "Vers le haut", cette mesure est intéressante car le recrutement est trop centralisé en France. "Comme c'est l'ancienneté qui dicte l'affectation, les enseignants les plus jeunes sont envoyés dans les établissements les plus difficiles, ceux où les autres enseignants ne veulent pas aller", souligne Marc Vannesson, le délégué général du cercle, pointant du doigt cette "absurdité du système actuel". "Dès qu'ils ont suffisamment d'ancienneté, ces enseignants demandent un changement d'affectation. C'est précisément dans ces établissements qu'on a besoin de construire des projets pédagogiques dans la durée, avec un vrai esprit d'équipe", ajoute-t-il.

Selon un rapport établi par "Vers le haut", 75% des pays européens confient aux chefs d'établissement la mission de recruter des candidats à des postes vacants. Pour l'instant, Emmanuel Macron a promis la mise en place de cette expérimentation à Marseille dès la rentrée prochaine.