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Nicolas Feldmann, édité par Manon Fossat
Le président Emmanuel Macron a annoncé jeudi vouloir expérimenter à Marseille, dans 50 écoles "laboratoire", et ce dès la rentrée 2022, la liberté du choix des enseignants par les directeurs. Une expérience qui si elle est concluante, pourrait être généralisée "dans d'autres territoires de la République". Mais cette annonce a déclenché l'ire des syndicats enseignants.

Emmanuel Macron a confirmé jeudi que 174 écoles de Marseille sont "dans un état de délabrement tel que l'apprentissage y est devenu impossible". Mais il n'a pas donné de chiffres sur les engagements financiers de l'Etat sur ce dossier, annonçant seulement la création dans trois mois maximum d'une société publique d'intérêt national pour piloter ce chantier. Alors en attendant la mise en oeuvre de ce plan de rénovation le chef de l'Etat propose une expérience plutôt originale dans les quartiers populaires qui risque de faire du bruit : l'école du futur dans laquelle les directeurs pourront recruter les enseignants. 

"Il faut que l'on ait des directeurs d'école à qui on permet d'avoir un peu plus d'encadrement. Il faut qu'ils puissent choisir l'équipe pédagogique. Je dis plein de gros mots pour beaucoup de gens, j'en ai conscience", a déclaré le chef de l'Etat. Aujourd'hui, c'est le département qui décide en effet de l'affectation d'un enseignant selon un système de points, en fonction de son ancienneté ou de sa situation familiale. Dans ces écoles "laboratoire" de Marseille, Emmanuel Macron veut donc que les directeurs recrutent eux-mêmes leurs équipes. 

Pas besoin "de transformer les écoles en mini-entreprises"

Une bonne idée pour Didier Paris, qui dirige une école dans les Bouches-du-Rhône et estime que les professeurs doivent pouvoir choisir de travailler dans des quartiers parfois difficiles. "Je suis pour une ouverture et pour des tentatives d'inciter les équipes à se fédérer autour d'un projet, à y rester longtemps et à donner des moyens", explique-t-il.

Mais du côté de la FSU, au contraire, on s'insurge contre cette annonce. Caroline Chevé, secrétaire départementale du syndicat, est déjà vent debout contre les propos du président. "C'est de la provocation. Le sous entendu, c'est que les enseignants ne sont pas suffisamment motivés ou à la hauteur. Nous n'avons pas du tout besoin de transformer nos écoles en mini-entreprises avec des managers qui recruteraient des enseignants sur profil", argue-t-elle. "Ce dont nous avons besoin c'est de pouvoir diminuer le nombre d'élèves dans les classes. Et le modèle que promeut Emmanuel Macron ne répond absolument pas à nos enjeux", poursuit-elle. 

L'étendre "à d'autres territoires"

Le président a esquissé des aspects de cette "école du futur", qu'il veut expérimenter à Marseille, évoquant notamment beaucoup d'élèves "qui sont allophones": "Et bien on doit permettre peut-être d'avoir des aides" ou encore "d'adapter les rythmes scolaires". Il a également évoqué son souhait, si cette expérience est concluante, de la généraliser "dans d'autres territoires de la République". A côté le gouvernement travaille déjà à donner plus d'autorité aux directeurs d'école, avec un projet de loi actuellement en débat au Parlement.