Prisons : deuxième jour de blocages après l'agression de Condé-sur-Sarthe

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Les surveillants de prisons bloquent de nouveau les entrées de plusieurs prisons. © JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
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avec AFP , modifié à
Deux jours après l'agression de deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe par un détenu, les agents pénitentiaires ont de nouveau bloqué l'entrée de plusieurs prisons à Fleury-Mérogis, Nice ou encore Nantes. 

Mise à jour à midi : Sur tous les établissements pénitentiaires touchés par des mouvements, seul celui de Condé-sur-Sarthe reste bloqué. Les sept autres ont été évacués par les forces de l’ordre.

De Nantes à Nice en passant par Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, des surveillants ont repris leurs mobilisations et blocages jeudi devant de nombreuses prisons, deux jours après l'agression de deux collègues par un détenu radicalisé à Alençon/Condé-sur-Sarthe.

80 prisons bloquées sur 188. À 9h30, FO, le syndicat majoritaire, faisait état de 80 établissements bloqués en France, sur un total de 188. Les surveillants auraient été "délogés dans une vingtaine d'établissements". L'administration pénitentiaire n'avait, de son côté, pas encore fourni de chiffre au niveau national. Mercredi, 18 prisons avaient été bloquées en début de matinée, et seules deux l'étaient restées en fin de journée, Rouen et Condé.

Condé-sur-Sarthe est complètement bloquée. Devant cet établissement normand, où le Raid est intervenu mardi après l'agression des deux surveillants avec des couteaux en céramique, une centaine de surveillants bloquaient toujours l'accès jeudi matin, et quatre barrages de pneus, de palettes et de vieux meubles, ont été érigés.

L'agression s'est soldée par l'interpellation de Michaël Chiolo, 27 ans, qui purgeait une peine de 30 ans et s'est radicalisé en prison, et la mort de sa compagne, retranchée avec lui pendant près de dix heures dans l'unité de vie familiale de la prison. 

Depuis, la prison, l'une des plus sécurisées de France, est "complètement bloquée", a rapporté Emmanuel Guimaraes, délégué FO pénitentiaire national. "Le stock de nourriture (...) est épuisé depuis hier soir. Et il ne reste plus que 17 surveillants dans la prison alors qu'il en faut 105 pour une journée entière", a-t-il ajouté. Seules les ERIS (équipes régionales d'intervention et de sécurité) arrivées mardi ont été relevées mercredi, selon lui.

"On ne veut pas risquer nos vies". Sur le terrain, devant les dizaines de prisons perturbées, les surveillants font part de leurs craintes pour leur sécurité. Le mouvement semble avoir également réveillé d'autres revendications, sur les conditions de travail, les salaires ou les conditions de recrutement. "Aujourd'hui, on est gentils, pas de feu de palettes ni de pneus, mais si on doit durcir la mobilisation, les modalités ne seront pas les mêmes", promet Nadia Labiod, secrétaire nationale Ufap Unsa, devant la prison parisienne de la Santé. "On ne veut pas risquer nos vies, on veut rentrer chez nous en bon état, notre sécurité n'a pas de prix".

Cinq établissements de région parisienne bloqués. Jeudi, en banlieue parisienne, les syndicats pénitentiaires font état de mobilisations dans au moins cinq établissements, dont des blocages à Osny, dans le Val d'Oise, Réau, en Seine-et-Marne ou encore Fleury-Mérogis, dans l'Essonne. Le barrage de la plus grande prison d'Europe a été levé aux environs de neuf heures par les forces de l'ordre, "à coup de lacrymos et de matraques" selon le délégué local FO Thibault Capelle.

"Les établissements sont devenus des tombeaux", déplore un syndicaliste. "On veut une revalorisation sécuritaire, indemnitaire et statutaire. On veut arrêter de bosser dans des conditions de merde", résume-t-il. "Les établissements sont devenus des cercueils, donc on préfère mettre les collègues en sécurité en les bloquant". À Villepinte, en Seine-Saint-Denis, une quarantaine de surveillants bloquent la maison d'arrêt depuis 6 heures, selon Force Ouvrière.

Les prisons de Nantes, Nice et Grasse également bloquées. Dans l'Ouest, le même syndicat fait état d'une quarantaine de surveillants mobilisés depuis 06h15 devant la maison d'arrêt de Nantes, en Loire-Atlantique, retardant les extractions de détenus. D'autres perturbations ont été rapportées à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, avec un blocage total de la prison selon FO, ainsi qu'à Nice : là, "rien n'est rentré, les personnels n'ont pas pris leur poste" a indique Johann Bataillé (Ufap-Unsa).