RÉCIT - Agression au couteau à la prison de Condé-sur-Sarthe : comment le détenu a été interpellé

condé-sur-sarthe 1280 JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP 1:54
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Salomé Legrand, édité par Anaïs Huet , modifié à
Dans les heures qui ont suivi l'agression au couteau de deux surveillants pénitentiaires à Condé-sur-Sarthe, les forces spécialisées ont longuement négocié avec le détenu radicalisé et sa compagne, tous deux extrêmement déterminés.

Il se sera écoulé dix heures entre l'agression des deux surveillants de la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe, vers 9h45 mardi, et l'assaut des forces de sécurité intérieures. Dix heures au cours desquelles ces dernières ont d'abord entamé une longue négociation avec le détenu radicalisé Michaël Chiolo, 27 ans, et sa compagne âgée de 36 ans, avant de lancer l'étape finale de l'opération. En exclusivité, Europe 1 vous en livre le récit.

Des vérifications dans l'appartement voisin. Quand les forces spécialisées arrivent au sein de l'unité familiale de la prison normande, la scène est figée. Le détenu et sa compagne, qui viennent de poignarder deux surveillants, sont retranchés dans le petit studio, un lieu conçu pour permettre aux familles de se retrouver plus longtemps et dans un cadre plus chaleureux qu'au parloir. Mais Michaël Chiolo et sa compagne ont des voisins, un autre couple dont l'homme est soupçonné de radicalisation. Les enquêteurs tiennent d'abord à vérifier qu'ils n'avaient rien à voir avec les faits, avant de les exfiltrer en début d'après-midi, quasiment nus pour être sûrs qu'ils ne cachent rien.

Des discussions via l'interphone. Les négociateurs entrent alors en contact avec le couple retranché, via les interphones. S'en suit une demi-heure de revendications. Le détenu affirme vouloir venger Chérif Chekatt, l'individu mis en cause dans l'attentat commis à Strasbourg le 12 décembre 2018. Il hurle des "Allah Akbar", veut mourir en martyr, prétend être en possession d'une ceinture explosive - qui s'avérera factice - et d'acide sulfurique. La femme, qui dit être enceinte, porte une ample robe traditionnelle, et n'a pas été fouillée au-delà du détecteur de métaux. Elle a d'ailleurs des fils suspects qui dépassent de ses vêtements.

 

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Le moment de l'assaut. L'intervention, déjà compliquée par les portes sécurisées de la prison, est d'autant plus prudente. Tous les moyens de reconnaissance possibles sont envoyés devant les deux issues du petit appartement, dont l'une a été entravée par un sommier. Après une tentative de déstabilisation en faisant exploser une dizaine de grenades assourdissantes, l'assaut est décidé. D'après nos informations, les hommes du Raid et les Eris (équipes régionales d'intervention et de sécurité) qui ont retrouvé le couple replié dans la minuscule salle de bain, ont été frappés par leur "furieuse détermination". Même les messages de leurs proches qui leur ont été transmis n'ont eu aucun effet.

Légèrement blessé à la joue, Michaël Chiolo a été interpellé. Sa compagne, elle, a été tuée pendant l'assaut.