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Jean-Gabriel Bourgeois, édité par Romain David , modifié à
Interrogé par Europe 1 au lendemain de la prise d'otage dans la prison ultra sécurisée de Condé-sur-Sarthe, Emmanuel Guimaraes, délégué national FO, déplore que les détenus peuvent encore trop facilement dissimuler des objets à la surveillance de leurs gardiens. 

Trois mois après un attentat terroriste dans l'enceinte de la prison de Condé-sur-Sarthe, un détenu a pris en otage deux surveillants. Mardi soir, à partir de 19h40, un détenu a séquestré deux gardiens dans sa cellule. Le raid est intervenu, et le forcené s'est rendu un peu après minuit. Les deux surveillants ont été libérés sains et saufs. L'auteur de cette séquestration, Francis Dorffer, 35 ans, n’en est pas à son coup d’essai. Surnommé le "champion de la prise d'otage carcérale", il en a cinq à son actif.

"Il a été incarcéré très tôt [à l’âge de 16 ans, ndlr], il est aussi suivi pour des troubles psychiatriques", rapporte à Europe 1 Emmanuel Guimaraes, délégué national FO Pénitentiaire. Libérable en 2060, cet homme est incarcéré depuis près de 20 ans pour des faits de vols, de viols mais aussi pour l'assassinat d'un co-détenu. "On avait des consignes de suivi un peu plus rapproché, pour autant on n’avait pas de signe de radicalisation", assure Emmanuel Guimaraes. "Le détenu était en charge de la distribution des repas. Lorsqu'il s’est retrouvé isolé avec mes deux collègues, c'est là qu’il a dû sortir son arme."

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Des armes artisanales, faciles à dissimuler

Pour ce responsable syndical, les détenus les plus déterminés peuvent parvenir sans difficulté à assembler des objets tranchants ou perforants. "Il est très facile pour un détenu de se fabriquer une arme. Vous prenez une lame de rasoir et une brosse à dents : vous la mettez sur le feu, elle se ramollit et vous y mettez la lame de rasoir. Ça vous fait un couteau sans difficulté. Vous prenez une brosse à dents et vous la taillez en pointe, ça fait une pique artisanale. Ce sont des choses que le détenu peut cacher sur lui", relève Emmanuel Guimaraes.

"Trois mois après l’attentat terroriste du 5 mars, on est en droit de se poser des questions. Des discussions ont eu lieu avec la Garde des Sceaux et le directeur de l’administration pénitentiaire", rappelle ce délégué. "Ils nous avaient promis des mesures. Aujourd’hui, elles peinent à arriver et on se retrouve dans la même situation", déplore-t-il.