Olivier Duhammel était l'invité d'Europe 1 mercredi matin. 2:12
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Laetitia Drevet , modifié à
Alors que les politiques de tout bord rivalisent de mesures plus ou moins radicales pour lutter contre la radicalisation islamiste, le constituionnaliste et politologue Olivier Duhamel appelle mercredi sur Europe 1 à ne pas oublier au passage les principes fondamentaux de l'Etat de droit.
INTERVIEW

Cinq jours après le meurtre de Samuel Paty, les politiques de tout bord rivalisent de propositions pour lutter contre la radicalisation islamiste. Sur Europe 1 mercredi, Marine Le Pen critiquait par exemple le laxisme du gouvernement, réclamant des "lois d’exception". "C'est bien de prendre des mesures quand l'exigence sécuritaire est forte, mais il faut des garanties qu'elles ne puissent pas être prises n'importe comment", tempère Olivier Duhamel, constitutionnaliste et politologue, invité de Mathieu Belliard.

"Si on part du principe que la sécurité doit être absolue et sans limite, on devient une dictature", avertit Olivier Duhamel, prenant l'exemple du débat actuel sur le sort réservé aux radicalisés emprisonnés et sur le point d'être libérés. "Il est impensable que des gens condamnés qui ont exécuté leurs peines soient maintenus en prison : ce serait là bafouer un principe fondamental. C’est une porte ouverte à d'autres mesures, à la torture, puis pourquoi pas à la guillotine pour être sûrs qu'ils ne vont pas récidiver."

"Il faut agir au cas par cas, radicalisé par radicalisé"

Pour le constitutionnaliste, Etat de droit peut rimer avec mesures sécuritaires, si tant est qu'elles soient prises "dans le respect du droit". "Les circonstances exceptionnelles permettent aux préfets de prendre des mesures exceptionnelles. Mais il ne faut pas non plus faire n’importe quoi car il agit sous le contrôle du juge administratif." Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, rappelle-t-il, plusieurs arrêtés préfectoraux ont été suspendus. "Et c'est une bonne chose."

Olivier Duhamel appelle à agir "au cas par cas, mosquée par mosquée, radicalisé par radicalisé". "Il y a un vrai danger à utiliser le terme de guerre. Nous ne sommes pas en guerre, on ne tire pas sur tout ce qui bouge. On mène un combat contre des actes terroristes et contre une idéologie radicale fondamentalement antirépublicaine. La question est de savoir comment on mène ce combat."