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Virginie Salmen, édité par Céline Brégand
"Plusieurs millions" de masques doivent être livrés mercredi dans les hôpitaux et dans les pharmacies (pour les médecins de villes, infirmières...), au plus tard jeudi, promet le gouvernement. Les soignants, eux, en situation de pénurie dans leurs services, attendent de voir, et certains, comme Pr Gilles Pialoux sont en colère.

Des masques arrivent (enfin) dans les hôpitaux et les pharmacies, a annoncé le ministère de la Santé. Ils devraient être livrés en début de journée mercredi, jeudi au plus tard. Des camions contenant "plusieurs millions" de masques sont sur les routes, selon le directeur général de la Santé, le Pr Jérôme Salomon. Ils vont d'abord prendre la direction des 25 départements prioritaires des régions Grand Est, Ile-de-France et Hauts-de-France, les plus touchés par l'épidémie de coronavirus. Un soulagement pour les personnels soignants qui ne cachent pas leur colère face à la pénurie de masques.

"Notre boulot, ce n'est pas de prévoir mais de prévenir. Prévoir, c'est le boulot des politiques !"

"Il y a eu une incompétence ! Je ne sais pas à quelle niveau. On a eu une alerte épidémique sur un virus respiratoire fin décembre. Le 17 mars, on n'est toujours pas capable d'équiper la France en masques", dénonce le professeur Gilles Pialoux, chef de service de l'unité des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon à Paris.

"Notre boulot, ce n'est pas de prévoir mais de prévenir. Prévoir, c'est le boulot des politiques !", assène-t-il. Au début de l'épidémie, on comptait 110 millions de masques dans les stocks stratégiques de l'Etat. Début mars, 25 millions de masques ont été débloqués mais ils sont arrivés par boîtes de 50 et sont partis en deux jours dans les pharmacies.

"On ne protège pas les soignants qui vont faire des prélèvements de diagnostic pour le coronavirus. C'est consternant !"

"C'est dans ce contexte là qu'une organisation parallèle se met en place. Et qui consiste à ce que les soignants fassent des stocks personnels, qu'on est des blocs opératoires à Tenon fracassés pendant la nuit…", s'insurge Gilles Pialoux. Il rapporte également des vols. "Il y a trois-quatre jours, on a eu un arrivage de 20.000 masques FFP2, ce qui n'est quand même pas rien. Ils ne sont jamais arrivés parce que le transporteur a été braqué à la sortie du dépôt !" s'indigne-t-il. "Les masques, ça devient la Brink's ! On est quand même dans un fait de société qui est particulier…"

Mercredi, c'est une nouvelle partie du stock stratégique qui va être livrée mais aussi des masques des stocks de l'armée et de certaines grandes entreprises qui les mettent à disposition. A Bordeaux, on compte deux millions de masques périmés issus des administrations mais encore parfaitement efficaces. Seul l'élastique peut avoir un peu séché.

Mais attention, ces masques sont exclusivement pour les personnels soignants. Les pharmaciens l'ont répété : pas question d'en vendre aux particuliers. Les médecins en manquent trop. Gilles Pialoux fulmine : "On ne protège pas les soignants qui vont faire des prélèvements de diagnostic pour le coronavirus. C'est consternant !". "Et je m'en fous de la faute à qui mais c'est consternant !", répète le professeur.