300 français sont soupçonnés d'avoir payé pour des agressions sexuelles à distance. 2:52
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Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
Un amendement est examiné mardi à l'Assemblée nationale pour sanctionner les personnes commandant des agressions sexuelles pour les visionner en streaming. 300 français sont ainsi soupçonnés d'avoir ordonné des viols sur mineurs. Ludivine Piron, membre de l'association ECPAT France, réagissait mardi au micro d'Europe 1.
INTERVIEW

Un amendement est examiné mardi à l'Assemblée nationale. Il prévoit notamment d'instaurer une peine de sept ans de prison pour les internautes qui commanderaient en ligne des agressions sexuelles. Le phénomène était jusqu'alors méconnu, mais au moins 300 français sont soupçonnés d'y avoir eu recours. Ludivine Piron est membre de l'association ECPAT France qui agit pour "mettre fin à l'exploitation sexuelle des mineurs". Elle a expliqué mardi, au micro d'Europe 1, le combat de son association pour la protection des enfants.

L'examen de ce nouvel amendement par l'Assemblée nationale est déjà une victoire pour Ludivine Piron. C'est la preuve selon elle que les choses vont "dans le bon sens", après une première condamnation judiciaire il y a deux semaines de cela : le 13 janvier, un pilote de ligne avait été condamné à cinq ans de prison pour avoir commandé des "show pornographiques" en direct via internet.

Manque de moyens pour les enquêteurs

Mais la responsable associative rappelle la complexité du problème et les difficultés auxquelles la lutte contre l’exploitation des mineurs doit faire face : "L'identification des victimes, à partir du moment où ça se passe sur internet, est évidemment compliquée. On a des personnes qui sont impliquées à tous les niveaux et surtout dans différents pays." Une collaboration resserrée entre les États est vitale, d'autant plus que les moyens alloués aux enquêteurs manquent.

L'association ECPAT France tente donc de s'installer au sein d'un réseau international de lutte. Aux Philippines, pays connu comme étant l'un des principaux "fournisseurs" de streaming, l'association a pu effectuer un travail de terrain en collaboration avec les autorités locales. Elle mène des opérations de prévention auprès des enfants et des familles. "Après coup, quand on a identifié des enfants qui sont victimes d’exploitation sexuelle, l’idée, c'est de les représenter en justice, de leur permettre d’avoir accès à la justice et aussi à une indemnisation", assure Ludivine Piron.

En France, sur les 300 cas de personnes soupçonnées d'avoir payé pour des viols en directs, seules quatorze procédures ont été lancées. Seulement 13 policiers se consacrent aux enquêtes.