Stéphane Clerget 4:01
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Séverine Mermilliod , modifié à
Au 11e jour de confinement, les tensions peuvent parfois commencer à se faire sentir au sein des foyers. Stéphane Clerget, pédopsychiatre, donne quelques conseils sur Europe 1 pour les parents qui auraient du mal avec leurs adolescents.
INTERVIEW

Comment vivre le confinement quand on a un adolescent à la maison ? Stéphane Clerget, pédopsychiatre, praticien dans le service de psychiatrie infantile à l’hôpital de Cergy-Pontoise, a donné quelques clés au micro d'Europe 1 pour mieux comprendre ses enfants et réussir à éviter les tensions. Selon lui, il faut faire particulièrement attention aux adolescents qui ont des addictions ou des troubles du comportement, et respecter quelques règles de vivre-ensemble avec tous les autres, en leur laissant notamment des moments "à eux".

Pour quels ados le confinement peut-il s'avérer plus problématique ?

D'abord pour ceux qui auraient des addictions, ou des troubles du comportement, explique le pédopsychiatre. "Les adolescents addicts au cannabis par exemple : cela va être un sevrage, mais un sevrage brutal. Les addicts au sport aussi, ceux qui faisaient 10 à 15h de sport par semaine vont connaître un vrai manque. Il y a aussi les adolescents qui sont dans une situation de dépendance avec leurs camarades, ou pourquoi pas leur amoureux ou amoureuse, bref, toutes les situations de dépendance sont difficiles à vivre !"

Il faut aussi selon lui être attentifs aux "adolescents déprimés : la dépression va s’aggraver avec la situation de confinement, et les adolescents anxieux peuvent voir leur anxiété augmenter. J'en ai qui ont des TOC, qui ont peur d'attraper des maladies, qui se lavaient déjà souvent les mains mais là qui se les lavent toutes les cinq minutes, alors qu'ils restent à la maison - c'est bien évidemment totalement illogique. Mais il y a des troubles comme cela qui peuvent s'aggraver".

A l’inverse, selon le médecin, certains ados vont plutôt bien supporter le confinement : "Ces adolescents qui avaient peur de l'extérieur, qui étaient phobiques du dehors ou avec des phobies sociales, ou bien ceux qui jouaient beaucoup aux jeux-vidéo, qui sont très contents".

Comment éviter les tensions ?

"On essaie de respecter un certain emploi du temps. Mais chacun a le sien en fonction de son rythme propre : on doit accepter que l’adolescent se lève plus tard, pour vivre la nuit pour être un peu tranquille, ne pas avoir les parents sur le dos et avoir l’impression d’être un peu seul. On respecte cela, à la condition qu’il respecte le travail scolaire. Il y a du travail en ligne, en direct ou non, et il faut qu'il soit présent", rappelle le pédopsychiatre.

Il faut aussi selon lui demander à chacun d'être responsable : "On va demander l’aide des adolescents, leur demander de se responsabiliser, d'accompagner les petits pour faire leurs devoirs pendant qu'on est en télétravail, leur demander de participer aux tâches ménagères, car quand on est en confinement c'est vite le désordre".

Et quelles règles du côté des parents ?

"La plupart des adolescents ont besoin d’un peu de distance avec leurs parents et c’est très dur d’avoir leurs parents tout le temps sur le dos", rappelle Stéphane Clerget. "Donc on respecte leur besoin d'intimité, on n’ouvre pas la porte sans frapper, on distribue bien les territoires de chacun, on accepte qu'ils s'isolent dans leur chambre, qu'ils utilisent les écrans - on peut leur conseiller de faire autre chose que jouer mais s'informer, regarder des documentaires par exemple. Mais on est le moins possible sur leur dos physiquement. Il y a une distance, un espace à respecter pour limiter les conflits, surtout quand on est un parent seul avec un ado."